PARASITOLOGIE ET MALADIES PARASITAIRES
Les cycles évolutifs
Il convient d'insister sur la notion de cycle évolutif, car elle est capitale pour la compréhension des affections parasitaires et des méthodes préventives que l'on peut mettre en œuvre.
Certains parasites ont une biologie très simple et passent directement du milieu extérieur chez leur hôte. D'autres, au contraire, doivent obligatoirement traverser différentes phases de vie libre ou parasite, tant dans le milieu extérieur que chez un hôte (parasites monoxènes) ou chez plusieurs hôtes successifs (parasites hétéroxènes). Au cours de ces phases, le parasite peut se multiplier ou subir diverses métamorphoses. L'ensemble constitue le cycle évolutif du parasite. Certains de ces cycles sont extraordinairement complexes (Schistosomes, Douves, Bothriocéphale). Citons seulement les grandes lignes du cycle évolutif des hématozoaires du paludisme humain (cf. PALUDISME). Trois phases de multiplication se succèdent obligatoirement : deux phases asexuées (schizogonies) chez l'homme et une phase sexuée (sporogonie) chez l'anophèle femelle. Le moustique inocule, avec sa salive, les formes infestantes (sporozoïtes) qui pénètrent dans les cellules du foie et s'y multiplient considérablement par simple scissiparité. Les cellules hépatiques parasitées éclatent, libérant de nouvelles formes infestantes (mérozoïtes) pour les hépatocytes sains. Cela ne détermine aucun trouble chez l'homme, c'est la phase d'incubation muette de la malaria. Bientôt, certains mérozoïtes envahissent le sang et ainsi débute une nouvelle schizogonie, dans les globules rouges cette fois. La nutrition du parasite se fait aux dépens de l'hémoglobine, et les résidus constituent un pigment noir, l'hémozoïne, qui s'accumule dans le globule rouge. Lorsque la multiplication du parasite est terminée (corps en rosace), le globule éclate et libère, d'une part, des mérozoïtes qui vont parasiter des globules rouges sains, d'autre part, l'hémozoïne toxique qui détermine la poussée de fièvre caractéristique de la maladie. Tandis que les accès se répètent à intervalles réguliers, apparaissent dans le sang de nouvelles formes, qui, cette fois, sont sexuées. Elles sont bloquées dans leur développement, tant qu'elles ne sont pas puisées par un anophèle femelle lors d'un repas de sang de ce dernier. La fécondation des cellules sexuelles de l'hématozoaire se fait chez l'insecte ; elle conduit à la formation de l'œuf qui se divise rapidement et donne des milliers de sporozoïtes qui envahissent les glandes salivaires et y attendent la prochaine piqûre.
La prophylaxie du paludisme peut donc porter soit sur l'anophèle vecteur à l'état de larve ou d'adulte, soit sur la destruction des sporozoïtes lors de leur inoculation à l'homme (chimioprophylaxie par les antimalariques pris systématiquement), soit encore sur le traitement du paludisme déclaré et, parallèlement, sur la destruction des formes sexuées présentes dans le sang des malades et représentant la source d'infestation des anophèles. La mise en œuvre n'est pas aussi simple que cet énoncé que l'on doit dès 1900 au grand parasitologue italien Giovanni Battista Grassi (1854-1925).
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Écrit par
- Yves GOLVAN : professeur à la faculté de médecine de Paris-Saint-Antoine, université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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