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PARIS 1874. INVENTER L'IMPRESSIONNISME (exposition)

Un art de la modernité

L’exposition du musée d’Orsay a cependant plusieurs mérites, dont celui de montrer le rôle joué par celle du boulevard des Capucines dans l’affirmation des sujets « modernes » à travers une trentaine de tableaux où la vie urbaine et la mode (Monet, La Parisienne, 1874 ; Cardiff, Museum Wales), les lieux de spectacle (Renoir, La Loge, 1874 ; Londres, The Courtauld), le travail (Degas, La Repasseuse, 1869 ; Paris, musée d’Orsay) constituent un nouveau répertoire. S’il existe toutefois des convergences thématiques avec le Salon officiel (Jules Émile Saintin, Blanchisseuse de lin, 1874 ; Monaco, Pallesi Art Gallery), les divergences de style sont souvent manifestes (Eva Gonzalès, Une loge aux Italiens, vers 1874, refusé au Salon ; Paris, musée d’Orsay). En matière de paysages, l’exposition montre comment, avec les impressionnistes, l’étude sur le motif, pratiquée depuis le xviiie siècle, se situait au cœur du processus de réalisation de l’œuvre, même si le travail en atelier y avait aussi sa part. Au xixe siècle, le paysage est délibérément un genre moderne, de Chintreuil et Daubigny, présents au Salon officiel, à Monet, Sisley et Pissaro.

Et c’est du reste le titre d’un paysage de Monet, Impression, soleil levant (1874 ; Paris, musée Marmottan-Monet) qui inspira au journaliste Louis Leroy le qualificatif, en vérité ironique, d’impressionniste. La belle idée était de rapprocher ici autour de ce tableau emblématique les études de ciel au pastel de Claude Monet et d’Eugène Boudin son « maître », pour faire comprendre la nouveauté d’une démarche, qui du motif à l’atelier, visait à préserver la fraîcheur de la sensation première. Malgré l’échec commercial de l’exposition de 1874 puis de celle de 1876 chez Durand-Ruel, un mouvement était né dont les tenants se proclameront eux-mêmes « impressionnistes » lors de la 3e exposition organisée en 1877, grâce à Gustave Caillebotte, dans un appartement du 6, rue Le Peletier. Une exposition évoquée ici en fin de parcours, avec des toiles célèbres comme Le Bal du moulin de la Galette de Renoir (1876 ; Paris musée d’Orsay) ou moins connues comme Peintres en bâtiment de Caillebotte (1877 ; collection particulière).

— Robert FOHR

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