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PARIS 1900, LA VILLE SPECTACLE (exposition)

L’exposition Paris1900, la ville spectacle, qui s’est tenue du 2 avril au 17 août 2014 au Petit Palais à Paris, abordait un sujet fécond : l’Art nouveau à Paris à travers des objets présentés dans un cadre parfaitement adapté au sujet, puisque construit comme le Grand Palais pour l’Exposition universelle de 1900. Un ensemble d’œuvres réapparaissaient après des années d’oubli, tel ce moulage en bronze d’algues (1900) par Sarah Bernhardt ou cette peinture de Théobald Chartran, originaire de Besançon et élève de Cabanel, illustrant une Querelle de cardinaux (1902), en soutane rouge et l’épée au poing devant un pape impavide sur son trône, ou encore telles sculptures de ce François-Rupert Carabin (La Volupté et La Souffrance, 1902) qu’admirait tant Le Corbusier.

La capitale des arts ?

Le parcours de l’exposition s’articule autour de six sections, en référence à la manifestation universelle de 1900 : « Paris, vitrine du monde », « Paris Art nouveau », « Paris, capitale des arts », « le mythe de la Parisienne », « Paris, la nuit » et « Paris en scène ». L’ensemble s’inscrit sous les auspices d’une histoire de l’art qui ne se limite pas aux chefs-d’œuvre canoniques, mais exhume pour l’intérêt du public des travaux secondaires, pas plus qu’elle ne se limite à la création artistique dans le dessein de donner sa place à la vie quotidienne, de façon anthropologique et pour un projet d’histoire globale. Il résulte parfois de ces correspondances un effet de surcharge accentué par la surface restreinte des salles qui ne permet pas toujours de mettre en évidence les points forts.

C’est un choix, comme c’en est un autre, d’affirmer que l’Exposition universelle de 1900 exprime le dynamisme conquérant de la France républicaine. Il faudrait plutôt y voir le défi d’un pays vieillissant et en voie de récession qui veut se prouver à soi-même et au monde qu’il reste un phare culturel, littéraire et artistique. Malgré la construction du métropolitain et des gares d’Orsay, de Lyon et des Invalides qui métamorphosèrent la ville, Paris n’est plus la capitale de la modernité si on la compare à Vienne ou à Berlin, qui se rêve alors comme une mégapole futuriste. Mais, comme l’avait montré Marie-Amélie Tharaud dans sa thèse en 2009 de l’École nationale des chartes intitulée L’Art nouveau à l’Exposition universelle de 1900, la France conserve bien la première place, malgré la concurrence internationale. Organisée chez elle, à Paris, devant des pays qui ne demandent pour la plupart qu’à rester convaincus de la supériorité de la France dans le domaine des arts décoratifs, l’exposition de 1900 répète la réponse du miroir, dans le conte de Perrault, à la belle qui s’inquiète de sa beauté. Quant à l’exposition du Petit Palais, elle conforte cette réponse, en choisissant de ne pas montrer ce que les autres nations avaient porté à l’admiration des Parisiens. Ceux-ci pourtant avaient dû se précipiter dans les pavillons étrangers pour découvrir ce qu’ils ne connaissaient pas. Les chroniques d’André Hallays pour le Figaro en témoignent, ce fut dans cette rencontre entre les uns et les autres que Paris mérita vraiment, pendant un court moment, d’être désignée comme ville spectacle.

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études et à l'École nationale des chartes

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Média

<em>La Morphine</em>, S. Rusiñol - crédits : R. Manent/ Collection Dagli Orti/ Museo del Cau Ferrat/ Picture Desk

La Morphine, S. Rusiñol