PARIS 1900, LA VILLE SPECTACLE (exposition)
Le Paris de la Belle Époque
Dans l’esprit des salons annuels, la section « Paris, capitale des arts » met en évidence, sur une période très courte, la grande diversité de la production des artistes formés à l’École des beaux-arts et des avant-gardes depuis les impressionnistes jusqu’aux nabis sur lesquels planent la personnalité de Cézanne (jusqu’à son décès en 1906).
La thématique sur la Parisienne a permis de susciter une ambiance de salon parisien en mêlant parures vestimentaires, peintures et objets multiples. Il fallait éviter le risque de caricature et enfin justifier ses choix : Misia Sert, alors épouse de Thadée Natanson, n’est pas évoquée, pas plus que la Revue blanche (1889-1903) malgré l’entourage brillant qu’elle suscite autour du couple. Mais les œuvres parlent d’elles même, tel le pastel de Degas Chez la modiste, pourtant postérieur à 1900 (musée d’Orsay, 1905-1910).
Les sections suivantes, « Paris la nuit » et « Paris en scène », évoquent des sujets un peu convenus et passablement connus ayant trait à la vie quotidienne à Paris. Il était certes intéressant d’évoquer les plaisirs nocturnes et l’insouciance des élites à quelques années de la Première Guerre mondiale : on se demande néanmoins pourquoi le Pavillon bleu, restaurant construit par Gustave Serrurier-Bovy avec la collaboration de René Dulong, n’a pas été évoqué. Bâti près d’un lac artificiel au pied de la tour Eiffel, cet éphémère chef-d’œuvre de l’Art nouveau avait suscité suffisamment de photographies pour qu’il fût possible de l’évoquer facilement. Quoi qu’il en soit, ces deux sections évoquent tant de questions, en particulier sur l’envers du décor, qu’on les parcourt avec intérêt malgré la forte densité de l’accrochage : la prostitution des deux sexes en particulier et la morphinomanie (Santiago Rusiñol, La Morphine, 1894), qui allait progressivement détruire la vie de Misia Sert, Geneviève Lantelme, Coco Chanel et tant d’autres. Au terme d’un séduisant tableau d’une capitale qui se livrait sans retenue aux facilités qu’offraient encore les fortunes, on en vient encore à regretter qu’il n’ait pas été question des ballets russes (à partir de 1909). Les rythmes brutaux du Sacre du printemps (1913) annonçaient aux Parisiens scandalisés mais sourds qu’à l’âge d’or succèderait bientôt l’âge de fer.
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Écrit par
- Jean-Michel LENIAUD : directeur d'études à l'École pratique des hautes études et à l'École nationale des chartes
Classification
Média