PARIS ROMANTIQUE 1815-1848 (exposition)
Avec Paris romantique, 1815-1848 (22 mai–15 septembre 2019), le musée du Petit Palais poursuit son évocation des grandes périodes qui ont construit l’identité du Paris moderne. La première exposition, Paris 1900, la ville spectacle (2014), aura fait date. Le parcours de celle-ci, qui va de la chute de Napoléon à la révolution de 1848, rassemble plus de six cents œuvres, objets d’art et documents, témoins du foisonnement artistique de cette période.
Avec C. Leribault, J. M. Bruson et C. Champy-Vinas pour principaux commissaires, l’exposition est conçue comme une promenade à travers les quartiers et les monuments emblématiques de l’époque : Tuileries, Palais-Royal, Louvre, Notre-Dame, quartier Latin et Barrières de Paris, Chaussée d’Antin et Nouvelle Athènes, Grands Boulevards. Au milieu du parcours, la section « Le Paris des révolutions » retrace les soubresauts de 1830. Une section déplacée au musée de la Vie romantique évoque, quant à elle, les hauts lieux de la vie littéraire, de l’Arsenal à l’Abbaye-aux-Bois.
Des foyers de culture
Après une brève séquence sur la capitulation de Paris (Horace Vernet, La Barrière de Clichy. Défense de Paris, le 30 mars 1814, Paris, musée du Louvre), l’abdication de l’Empereur et l’arrivée des armées alliées, on pénètre aux Tuileries. Le palais, siège du pouvoir de Louis XVIII à Louis-Philippe, fut aussi un lieu de fêtes et de renouveau des arts décoratifs, marqué en particulier par le retour au xviiie siècle (Eugène Lami, Projet pour le petit salon du duc de Nemours aux Tuileries, vers 1842, Paris, musée des Arts décoratifs) et le goût néogothique, avec Louis-Philippe et sa sœur la princesse Marie d’Orléans, sculpteur de talent.
Le Palais-Royal, agrandi en immeubles de rapport au xviiie siècle, était devenu le point de rencontre de la conversation, de la mode et du plaisir, à travers cafés, restaurants et boutiques qui bordaient ses galeries. Cette section de l’exposition, très mise en scène, comprend un ensemble choisi de costumes des deux sexes illustrant le « chic parisien », ainsi que des vitrines remplies d’objets de luxe, petits bronzes et accessoires de mode. Ces témoignages de l’excellence de l’artisanat d’art sont aussi le reflet de l’actualité littéraire et artistique, tel le Benvenuto Cellini de Jean-Jacques Feuchère, petit bronze de 1837 (musée Girodet, Montargis), année où Berlioz composait l’opéra du même nom.
Mais le grand rendez-vous artistique était évidemment le Salon qui se tenait chaque année au Louvre, théâtre d’affrontement et d’émulation entre courants et talents, attendu par la critique et un large public. Il vit ainsi l’émergence du romantisme en peinture dans les années 1820 (Delacroix, Le Christ au jardin des Oliviers, 1827, Paris, église Saint-Paul - Saint-Louis) puis de sculpteurs comme Barye ou Jehan Duseigneur (Rolandfurieux, modèle en plâtre présenté au Salon de 1831). Dans un accrochage serré, peintres et sculpteurs inspirés par l’histoire, la religion, la littérature et l’actualité (la guerre d’indépendance grecque, la répression menée par les Russes en Pologne) se côtoient… Aussi, l’absence du baron Gros, qui forma une bonne partie des peintres d’histoire de l’époque, n’en est que plus surprenante.
La redécouverte du Moyen Âge est le thème de la section suivante : elle inspira les artistes troubadours comme Pierre Révoil ou Marie d’Orléans puis les grands romantiques (de Delacroix à Paul Delaroche). Le très populaire roman de Victor Hugo, Notre-Dame de Paris (1831), est un jalon essentiel de ce revival qui provoqua un intérêt nouveau tant dans le public que chez les artistes, français et étrangers, pour les monuments du vieux Paris (Thomas Shotter Boys, L’Hôtel de Sens, rue du Figuier, aquarelle, 1833, Paris, Musée Carnavalet). Il toucha aussi les arts décoratifs (pendule[...]
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Écrit par
- Robert FOHR : historien de l'art
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Média