PARIS
La formation de l'agglomération parisienne
Entre 1870 et 1940, la capitale prend un nouveau visage. Le Paris de Napoléon enfermé dans l'enceinte des fermiers généraux, celui de Balzac qu'enserraient les fortifications de Thiers, la ville éventrée d'Haussmann qu'évoque Victor Hugo dans Les Années funestes font place au « Grand Paris », celui dont le centre se vide au profit de la périphérie et surtout de la banlieue. Désormais, on parle moins de Paris que de la région parisienne, tandis que surgissent avec acuité de nouveaux problèmes jusqu'alors négligés, comme celui des transports ou encore celui créé par l'anachronisme d'une administration héritée de Napoléon Ier.
La fin du Paris révolutionnaire
Le 4 septembre 1870, la révolution renverse le régime de Napoléon III. Comme en 1830 et en 1848, la république est proclamée à l'Hôtel de Ville. Ce changement s'opère une nouvelle fois en dehors de la province, il s'effectue dans une France envahie et un Paris bientôt investi par l'armée prussienne. Les souffrances du siège, l'humiliation de la défaite, la désorganisation des pouvoirs civils et militaires sont à l'origine du mouvement insurrectionnel de la Commune, maître de la capitale entre le 18 mars et le 21 avril 1871. Mais les forces que Thiers, chef du pouvoir exécutif, a rassemblées à Versailles écrasent l'insurrection lors de la « semaine sanglante ». Le passif de la Commune est lourd : destruction des Tuileries et de l'Hôtel de Ville, du ministère des Finances et du Conseil d'État, de la Cour des comptes et de nombreux immeubles privés (les incendies ne sauraient s'expliquer uniquement par les canons de M. Thiers). De plus, mal préparée et mal organisée, menant une politique incohérente, la Commune a envoyé au massacre les meilleurs militants de la capitale. Paris ne s'en relèvera pas ; sa vocation révolutionnaire est brisée. Ni les émeutes du 6 février 1934, ni le soulèvement de 1944, aidé par l'arrivée des troupes alliées, ni la révolte estudiantine de mai 1968 ne retrouveront les fastes révolutionnaires de 1830, 1848 et 1870, quand Paris « faisait l'Histoire ». La défaite de la Commune, c'est aussi la revanche de la province sur la capitale. Les troupes versaillaises n'étaient-elles pas formées de paysans venus des départements ? Cet antagonisme, qui se manifeste notamment au moment des élections, se poursuivra tout au long de l'histoire de la IIIe République.
Immigrants et banlieusards
Il est vrai que l'attraction de Paris a enlevé naguère à la province nombre de ses meilleurs enfants. Jusque dans la seconde moitié du xixe siècle, l'immigration dans la capitale venait des départements voisins de Paris, situés en majorité dans la partie septentrionale de la région parisienne ; quand elle touchait des départements plus éloignés, elle revêtait un caractère professionnel (migrations saisonnières du Massif central). Dans la seconde moitié du xixe siècle et au début du xxe se développe une immigration d'un type différent : toutes les régions de France participent désormais à la croissance de la capitale, cependant que l'échantillonnage professionnel et social des nouveaux venus se diversifie. Étudiant le recensement de 1891, que confirme celui de 1901, Louis Chevalier observe qu'en ce qui concerne l'immigration parisienne « on constate que la diminution la plus forte atteint les départements les plus proches de Paris, et avant tout la Seine-et-Oise, la Seine-et-Marne, l'Oise et la Somme ». En revanche, la progression est particulièrement marquée dans trois régions : « en Bretagne, et surtout dans les Côtes-du-Nord, dans un groupe de départements qui comprend la Nièvre, le Cher et l'Indre, et enfin dans les départements du Massif central qui[...]
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Écrit par
- Jean-Pierre BABELON : inspecteur général des Archives de France
- Michel FLEURY : directeur d'études à l'École pratique des hautes études, secrétaire de la IVe section
- Frédéric GILLI : directeur délégué de la chaire Ville à Sciences Po, Paris
- Daniel NOIN : professeur émérite à l'université de Paris-I
- Jean ROBERT : professeur à l'université de Paris-Sorbonne, membre de la section prospective et planification du conseil économique et social de la Région Île-de-France
- Simon TEXIER : professeur, université de Picardie Jules-Verne
- Jean TULARD : professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne
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