PARIS
L'architecture parisienne au XXe siècle
L' architecture produite à Paris au xxe siècle est quantitativement plus importante que celle héritée de tous les autres siècles confondus. Elle est de surcroît plus variée dans ses formes, ses dimensions, ses plans, ses méthodes de construction et ses couleurs ; plus inégale aussi, car les nécessités d'une production de masse n'ont pas toujours été de pair avec des visées esthétiques. Si l'on ne peut nier la persistance d'une évolution stylistique, l'appréciation de l'architecture parisienne, comme celle de tout le xxe siècle, passe également par une prise en compte des mutations techniques et des ruptures urbanistiques, deux phénomènes majeurs dont elle est la première traduction.
Beaux-Arts et Art nouveau
Le passage du siècle est marqué par une série de phénomènes et d'événements qui, bien qu'ayant longtemps paru divergents, voire incompatibles, participent d'un mouvement commun : le retour des architectes sur la scène parisienne, alors dominée par les chantiers de percements lancés par l'administration haussmannienne et dont de rares signatures émergeaient lors de la construction d'édifices publics. La création, en 1897 à l'occasion de l'ouverture de la rue de Réaumur, du concours des façades de la Ville de Paris, puis l'Exposition universelle de 1900 et le règlement de voirie de 1902, mais également l'emploi généralisé de la construction en béton armé vont concourir à renforcer l'individualisation de l'architecture. Celle-ci se traduit notamment, à la faveur de plusieurs projets monumentaux, par un regain d'intérêt pour les styles historiques d'une part, et par l'éclosion fulgurante d'une esthétique nouvelle d'autre part : l'Art nouveau.
Les deux palais des Beaux-Arts (les actuels Grand Palais et Petit Palais) construits pour l'Exposition universelle de 1900 forment, avec le pont Alexandre III, une œuvre d'urbanisme exceptionnelle, mais marquent aussi, après l'avènement du métal en 1889, le retour de la culture Beaux-Arts. Conçus par Henri Deglane, Albert Louvet et Louis Thomas sous la direction de Charles Girault, qui dessine seul le Petit Palais, les deux bâtiments sont à lire comme une synthèse du classicisme français, tout en intégrant les innovations techniques les plus récentes : l'entrepreneur en béton armé François Hennebique impose son système pour la construction des escaliers des halls et des planchers de l'étage de la partie postérieure du Grand Palais, tandis qu'au Petit Palais voûtes, planchers et escaliers des tourelles sont autant de contributions, visibles ou invisibles, à la stabilité et à l'esthétique de l'ensemble. Dans le même temps, Hector Guimard, Jules Lavirotte, Gustave Schoelkopff ou Charles Plumet livrent les œuvres le plus significatives de l'Art nouveau parisien : le premier fait un voyage décisif en mai 1895, pendant lequel il visite l'hôtel Tassel de Victor Horta, qui provoque non seulement une modification des plans du futur Castel Béranger (14, rue La Fontaine, xvie, 1895-1898), mais conforte encore son intention de concevoir ses bâtiments jusque dans leur moindre détail. La salle Humbert-de-Romans, 60, rue Saint-Didier (xvie, 1898-1901, détruite en 1905), traduit cette approche gestaltiste, de même que l'hôtel Nozal, 52, rue du Ranelagh (xvie, 1905, détruit), ou encore celui construit pour lui-même et son épouse au 122, avenue Mozart (xvie, 1905-1912). Les courbes et contre-courbes du style « coup de fouet », popularisées par les édicules, entrées et sorties dessinés par Guimard pour le métro parisien, passeront cependant rapidement de mode.
Les révolutions du béton armé
Loin de favoriser l'émergence d'une pratique ou d'un langage spécifique, le béton armé offrait au contraire,[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean-Pierre BABELON : inspecteur général des Archives de France
- Michel FLEURY : directeur d'études à l'École pratique des hautes études, secrétaire de la IVe section
- Frédéric GILLI : directeur délégué de la chaire Ville à Sciences Po, Paris
- Daniel NOIN : professeur émérite à l'université de Paris-I
- Jean ROBERT : professeur à l'université de Paris-Sorbonne, membre de la section prospective et planification du conseil économique et social de la Région Île-de-France
- Simon TEXIER : professeur, université de Picardie Jules-Verne
- Jean TULARD : professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne
Classification
Médias
Autres références
-
TRIANGLE D'OR (Paris)
- Écrit par Monique PINÇON-CHARLOT et Michel PINÇON
- 2 318 mots
- 1 média
À Paris, les familles de la haute société, de la bourgeoisie ancienne et de la noblesse fortunée, ont manifesté leur position sociale par l'habitat qu'elles ont choisi et aménagé. Elles ont ainsi créé des quartiers, façonnés à leur image, sur des terres encore vierges, aux limites de Paris aux...
-
FRANCE - (Le territoire et les hommes) - Espace et société
- Écrit par Magali REGHEZZA
- 14 014 mots
- 4 médias
...françaises concentrent 35 p. 100 de la population. Ces communes, situées dans les pôles des grandes aires urbaines, sont donc très densément peuplées. À Paris par exemple, la densité moyenne avoisine 20 000 hab./km2 et peut dépasser 40 000 hab./km2 dans certains arrondissements. Plusieurs communes... -
ABADIE PAUL (1812-1884)
- Écrit par Claude LAROCHE
- 977 mots
- 1 média
-
AGRICULTURE URBAINE
- Écrit par Jean-Paul CHARVET et Xavier LAUREAU
- 6 273 mots
- 8 médias
Les premiers développements bien documentés du maraîchage autour de Paris remontent au xiie siècle, c’est-à-dire à l’époque des constructions de la cathédrale Notre-Dame de Paris et de la basilique de Saint-Denis. Les « jardins maraîchers » trouvent l’origine de leur dénomination dans la... -
ALPHAND ADOLPHE (1817-1891)
- Écrit par Encyclopædia Universalis et Michel VERNÈS
- 1 674 mots
Né en 1817 à Grenoble, d'un père colonel d'artillerie, Adolphe Alphand entre à l'École polytechnique en 1835, puis à l'École des ponts et chaussées en 1837. Après s'être vu confier des missions dans l'Isère et la Charente-Inférieure, il est envoyé en 1839 à Bordeaux comme... - Afficher les 236 références