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PARMÉNION (env. 400-330 av. J.-C.)

Né après 400 avant J.-C., le général macédonien Parménion n'apparaît dans les textes qu'en 356 avant J.-C. : tandis que Philippe II assiège Potidée, on le voit remporter à l'est du royaume une victoire décisive sur le roi illyrien Grabos. C'était d'ailleurs le meilleur chef macédonien de l'aveu même de Philippe.

Dix ans plus tard (346 av. J.-C.), on retrouve Parménion en Thessalie, assiégeant Halos, révoltée contre Pharsale. En 342 avant J.-C., tandis que Philippe opère en Thrace, Parménion établit dans plusieurs cités d'Eubée des régimes tyranniques dévoués à la Macédoine. Il se heurte toutefois à la résistance organisée par Callias de Chalcis, soutenu par Athènes. En 341-340 avant J.-C., il opère encore en Thrace avant de recevoir, en 336, le commandement du corps expéditionnaire chargé de préparer le passage de Philippe en Asie. Il remporte alors des succès bientôt suivis de revers, lorsque les Perses lui opposent l'habile Memnon de Rhodes.

À ce général expérimenté, jouissant de sa confiance, Philippe donna aussi des missions diplomatiques, dont les négociations qui aboutirent, en 346 avant J.-C., à la paix de Philocrate. Mais il n'est pas certain que Parménion reconnaissait en Alexandre le successeur naturel au trône de Macédoine. Sa faveur allait plutôt au cousin de Philippe, le fils de Perdiccas III, Amyntas, qui paraît l'avoir accompagné en Asie. Parménion avait d'autre part pour gendre Attale, oncle d'une Cléopâtre que Philippe avait épousée après avoir renvoyé Olympias, la mère d'Alexandre. Or Attale était hostile au jeune prince, dont Parménion pouvait redouter l'avènement. De fait, après l'assassinat de Philippe (336 av. J.-C.), il paraît avoir hésité. Mais, opportuniste, il ne s'opposa ni à l'exécution d'Attale ni à celle d'Amyntas, récoltant les fruits de sa passivité. Alexandre parut lui accorder sa confiance, faisant de lui son second et donnant à son fils aîné Philotas, dont il se méfiait pourtant, les prestigieuses fonctions d'hipparque (chef de la cavalerie).

À partir de 334 avant J.-C. commence le jeu du chat et de la souris. Dans les grandes batailles, Parménion commande certes l'aile gauche, recevant entre-temps d'importantes missions. Mais son autorité est sapée par Alexandre, qui, soutenu par ses jeunes officiers, refuse de suivre ses conseils. Après la bataille d'Issos, ce n'est plus seulement un conflit de générations, mais une confrontation d'idées. Parménion se serait contenté d'acquisitions territoriales limitées à l'Asie Mineure, alors qu'Alexandre, refusant les propositions de paix des Perses, veut conquérir tout leur empire. Après la victoire de Gaugamèles (où on lui reproche d'avoir combattu mollement), et la prise de Persépolis, Parménion reçoit, en 330 avant J.-C., le commandement des forces laissées en Médie afin de maintenir les communications avec la Méditerranée. Il semble que ces troupes refusèrent de s'engager plus avant en Asie et que Parménion ne fit rien pour les y contraindre.

C'est dans ce contexte que s'inscrit (automne 330 av. J.-C.) la prétendue « conspiration de Philotas », en fait un complot monté par l'entourage du roi afin d'impliquer Parménion dans une tentative d'assassinat. La culpabilité de Philotas établie par des aveux arrachés sous la torture et la sentence exécutée, il ne restait plus qu'à appliquer la loi macédonienne impliquant les parents des condamnés : Parménion fut donc mis à mort en Médie, sa disparition et celle de son fils soldant tardivement de vieux comptes.

Parménion laisse chez les historiens anciens le souvenir d'un général prudent, rusé, réaliste, conscient de la démesure des conquêtes d'Alexandre, de plus en plus soucieux de limiter celles-ci afin de conserver[...]

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Écrit par

  • : correspondant de l'Institut (Académie des inscriptions et belles-lettres), professeur de langue et littérature grecques à l'université de Nancy-II

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