PAROISSE, histoire
À l'époque du haut Moyen Âge, la paroisse désigne le lieu de culte, l'église et, par extension, les terres dont elle est dotée par l'évêque pour sa subsistance avec les tenanciers qui y vivent et lui versent la dîme. Le recteur ou curé a la charge (la cure) des âmes de ces tenanciers qui sont tenus d'y remplir leurs devoirs de chrétiens depuis le baptême jusqu'à l'inhumation des leurs dans le cimetière attenant à l'église ; chaque fête ou sacrement est l'occasion d'offrandes tarifées au titulaire de la cure. Celui-ci doit par contre donner à ses paroissiens un rudiment d'enseignement et venir en aide aux plus pauvres. L'église représente enfin un lieu d'asile et de culte particulier pour son saint patron, dont quelque précieuse relique y est généralement conservée. Lorsque la monarchie franque s'effondre au ixe siècle, la paroisse demeure un cadre pour la vie sociale. Mais les désordres de l'époque féodale favorisent la mainmise des seigneurs laïcs sur les paroisses ; ils s'arrogent alors le droit d'en nommer les desservants en dehors de toute considération religieuse ; beaucoup de seigneurs construisent également sur leur domaine des églises dont ils se considèrent comme propriétaires. La réforme grégorienne et le rétablissement de l'ordre monarchique vont permettre aux évêques de restaurer leur autorité sur les paroisses qui, avec l'expansion démographique, se multiplient aux xiie et xiiie siècles dans les villes comme dans les campagnes ; le seigneur demeure le « patron » de l'église, mais la nomination du curé dépend de l'évêque qui exige de lui l'ordination majeure ainsi que le célibat et a le devoir de visiter régulièrement les paroisses de son diocèse, même si ces conditions ne sont pas toujours respectées dans la pratique. Les limites de la paroisse sont alors strictement déterminées, autant pour des raisons économiques (dîmes et offrandes) que pour la surveillance des paroissiens, passibles d'excommunication si leur fréquentation ou leur pratique ne sont pas attestées par le curé. Ainsi l'église paroissiale exerce-t-elle une sorte de monopole de la vie religieuse, qui est parfois l'occasion de conflits, notamment lorsque les prédicateurs des ordres mendiants, au xiiie siècle, vont attirer de grandes foules de fidèles, détournant à la fois de la paroisse les âmes et les offrandes. Également au xiiie siècle, la surveillance exercée par le curé, qui n'est pas toujours exempte de vindicte personnelle, fournit de nombreuses victimes à l'Inquisition.
L'église paroissiale, lieu de réunion, de fête, parfois de marché, est aussi un centre d'information : c'est au sermon dominical que sont lues les proclamations émanant de l'évêque, du seigneur ou du pouvoir royal ; le parvis ou le cimetière sont des lieux de célébration des processions et des mystères.
Circonscription administrative dans l'Ancien Régime, la paroisse est la cellule de base de la fiscalité et c'est un rôle essentiel des assemblées de paroisse, ou de village, que de répartir la somme fixée pour la taille entre les chefs de feux ainsi que d'en élire pour l'année les collecteurs. Ces assemblées sont aussi un moyen pour les habitants de la paroisse de se défendre contre l'arbitraire seigneurial et c'est sans doute la raison pour laquelle la monarchie, constamment en lutte contre la féodalité, les a soutenues et favorisées jusqu'à sa chute.
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Écrit par
- Solange MARIN : auteur
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