PARSIFAL (R. Wagner)
Parsifal de Richard Wagner, festival scénique sacré (« Bühnenweihfestspiel ») sur un texte du compositeur d'après des sources médiévales (au premier chef desquelles le Parzival de Wolfram d'Eschenbach), envisagé dès 1857, a été composé entre 1877 et 1882, et créé à Bayreuth le 26 juillet 1882, sous la direction de Hermann Levi, avec Amalia Materna (Kundry), Hermann Winkelmann (Parsifal), Theodor Reichmann (Amfortas), Emil Scaria (Gurnemanz) et Karl Hill (Klingsor) dans les rôles principaux. Bien que l'œuvre ait été conçue pour le festival de Bayreuth, dont elle devait constituer la propriété exclusive pendant trente ans, des représentations eurent lieu aux États-Unis dès 1903. Parsifal est créé en France – et en français – le 4 janvier 1914, au Palais-Garnier, à Paris, sous la direction d'André Messager.
L'ultime œuvre achevée de Wagner constitue le point d'aboutissement non seulement de la philosophie wagnérienne de l'histoire, marquée par les idées de dégénérescence et de rédemption, de renoncement et de pitié, mais aussi de sa conception esthétique et politique du théâtre, qui doit réunir, autour d'un drame à l'intrigue épurée et conçue à l'instar d'un cérémoniel religieux, tout un public d'initiés. L'œuvre entière joue sur les images symboliques de la circularité et de la symétrie. La musique, qui dissout chez l'auditeur toute appréhension objective de la donnée temporelle, contribue durant le premier et le troisième acte à en augmenter le climat religieux, cependant que les hardiesses harmoniques de l'acte II expriment de façon superlative les violences et souffrances inhérentes au désir, cause de toute déchéance.
Argument
L'action se déroule dans une époque légendaire.
Acte I. Dans une clairière, près du château du Graal, à Montsalvat, le vieux Gurnemanz (basse) et ses deux écuyers font leur prière matinale. C'est l'heure où le roi Amfortas (baryton), rongé par un mal incurable, vient prendre un bain pour apaiser ses douleurs. Gurnemanz sait que seul un élu, pur et naïf, pourra le sauver (« Durch Mitleid wissend, der reine Tor ; harre sein, den ich erkor » : « La pitié instruit le Pur, l'Innocent. Attends celui que j'ai choisi »). Soudain, une femme mystérieuse, presque sauvage, fait irruption. C'est Kundry (soprano), qui remet à Gurnemanz un baume apaisant destiné au roi, baume qu'elle est allée chercher dans des régions si reculées du monde qu'aucun des chevaliers du Graal ne les a jamais fréquentées. Épuisée par sa course, elle s'allonge à terre comme un animal, refusant tout remerciement. Les écuyers, qui la détestent, lui imputent le malheur du roi. Mais Gurnemanz atteste de son dévouement à l'égard de la confrérie et rappelle que ce n'est que pendant l'absence de Kundry que la communauté a été frappée de malheurs : Amfortas, alors parti combattre le maléfique Klingsor, qui lui avait dérobé la lance sacréesacrée (« O, wunden-wundervoller heiliger Speer ! » : « Cause de tant de plaies, de tant de miracles, oh, sainte lance ! »), a été séduit par une femme dont l'extraordinaire beauté l'a mis à la merci de son ennemi et a provoqué sa blessure. Tout à coup, on entend des cris : on vient d'arrêter un jeune homme qui a tué un cygne, animal pourtant sacré dans le domaine du Graal. Ce jeune homme (Parsifal, ténor), ne connaît en outre ni son nom ni son origine. Gurnemanz, pressentant en lui cet être pur et innocent dont a parlé l'oracle, le mène assister à la cérémonie du Graal. Comme par enchantement, la forêt se transforme en temple. Les chevaliers sont réunis autour d'Amfortas (« Zum letzten Liebesmahle gerüstet Tag für Tag » : « Nous sommes prêts jour après jour pour le dernier repas d'amour »). Son père Titurel (basse) lui donne l'ordre de dévoiler le Graal. Après avoir d'abord refusé, Amfortas s'exécute, dans d'atroces souffrances. Les chevaliers partagent[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Timothée PICARD : ancien élève de l'École normale supérieure et de Sciences Po Paris, assistant à l'université Marc Bloch (Strasbourg), critique musical
Classification
Média