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PARTHÉNOGENÈSE

La parthénogenèse est un mode de reproduction indépendant de toute sexualité permettant le développement d'un individu à partir d'un ovule non fécondé. Elle a été étudiée pour la première fois en 1740 (chez les pucerons) par Charles Bonnet mais elle existe chez un grand nombre d'espèces animales. Il est rare qu'elle constitue le seul mode de reproduction (comme chez certains rotifères, diverses daphnies et quelques pucerons) ; elle alterne la plupart du temps avec la reproduction sexuée soit de manière saisonnière (cas d'un petit hyménoptère gynipide, le Neuropterus), soit de façon cyclique, la reproduction sexuée permettant la formation de formes de résistance (œufs dits « de durée ») vis-à-vis de conditions écologiques défavorables.

Lorsque la femelle engendre d'autres femelles, la parthénogenèse est dite thélytoque. Cette forme de clonage assure l'expansion rapide d'une population lorsque le milieu le permet. Une autre sorte de parthénogenèse, dite arrhénotoque, caractérise divers insectes, dont l'abeille. On sait que chez cette espèce, la femelle, appelée reine, peut ou non féconder les ovules qu'elle produit. Il suffit pour cela qu'elle ouvre ou ferme le réceptacle séminal où elle conserve, dans son appareil reproducteur, le sperme qu'elle a reçu des mâles lors du vol nuptial. De cette façon, un ovule non fécondé donnera toujours un individu mâle. Celui-ci ne possède au départ qu'un jeu de chromosomes (haploïdie) au lieu des deux jeux (diploïdie) que détiennent les individus issus des ovules fécondés, c'est-à-dire les futures reines et les ouvrières.

La règle générale de la reproduction sexuée est en effet que la diploïdie du descendant soit obtenue par la réunion des lots chromosomiques haploïdes que portent respectivement une cellule sexuelle femelle, l'ovule, et une cellule mâle, le spermatozoïde. Ces deux cellules sont assemblées par la fécondation, réunissant ainsi dans l'œuf qu'elles ont formé l'héritage chromosomique biparental.

Pour permettre de génération en génération le maintien du nombre chromosomique diploïde caractérisant l'espèce, il faut donc que la formation des cellules sexuelles, encore appelées gamètes, comporte un passage de la diploïdie de l'organisme reproducteur à l'haploïdie gamétique. Le mécanisme qui permet ce changement du nombre chromosomique est la réduction chromatique. Chez les abeilles mâles (faux bourdons), les cellules de la lignée germinale, d'où naîtront les cellules reproductrices, ne subiront pas la réduction chromatique puisqu'elles sont haploïdes dès l'origine. Chez les pucerons et autres espèces thélytoques, la diploïdie maternelle est maintenue pour la formation des ovules grâce à la suppression de toute réduction chromatique. Dans un cas comme dans l'autre, il y a donc exception à la règle générale de la gamétogenèse. C'est probablement le caractère non réductionnel de l'équipement chromosomique qui permet aux ovules vierges des parthénogénotes thélytoques de se développer sans devoir être activés par la fécondation, contrairement à ce qui se passe dans la reproduction sexuée. Cette interprétation est confirmée par l'existence de parthénogenèse obligatoire chez des espèces à équipement chromosomique polyploïde (3 jeux de chromosomes par exemple) ne permettant pas aux mécanismes de régulation chromosomique sexuels de s'accomplir correctement.

— Didier LAVERGNE

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