PARTHES
Art et religion
Si les institutions et, d'une manière plus générale, cette civilisation parthe demi-millénaire demeurent encore tellement mal connues, c'est en raison de l'inexistence quasi totale de documents écrits indigènes. Ni archives ni ouvrages profanes ou religieux n'ont été retrouvés. Seules les monnaies et quelques rares inscriptions tiennent lieu de sources. Tout a-t-il donc été détruit, ou ne serait-il pas plus raisonnable de penser, tout en mentionnant l'insuffisance des fouilles opérées sur les sites proprement parthes, que la culture arsacide repose essentiellement sur des traditions orales et que l'on a affaire à un peuple qui, semblable en cela à ceux qui le précédèrent sur le plateau iranien, n'a pas cru devoir confier à l'écriture les faits de son histoire ou les propositions de ses lois ?
Si les monuments de la littérature font défaut, a-t-on plus de bonheur avec ceux de l'art ? Il faut constater hélas, qu'en ce domaine également la civilisation parthe se trouve être très dépourvue. Certes, les sites archéologiques ont été insuffisamment fouillés, parfois même pas du tout. Des grandes capitales, on ne connaît à peu près rien : le site d'Hécatompylos n'a pas encore été décelé, celui de Ctésiphon n'a rien révélé, à tel point que l'art de la cour arsacide demeure tout à fait inconnu. Seul le site de Nisa, centre religieux des Parthes, rebaptisé par Mithradate Ier sous le nom de Mithradatkirt, témoigne dans son décor et ses sculptures de fortes influences grecques.
À l'inverse de la Parthie et de la Babylonie, l'Iran oriental a laissé quelques monuments ; d'autre part, plusieurs villes-frontières entre les deux Empires parthe et romain sont suffisamment bien conservées pour pouvoir donner quelque idée de l'art de certaines régions de l'Empire. Palmyre, grande cité caravanière et foyer du commerce international, possède encore de grandioses monuments, dont l'architecture est toutefois très semblable à celle des villes de la Syrie romaine. Doura-Europos, sur l'Euphrate, fut surtout une colonie militaire et une place forte parthe, remarquable par la coexistence d'édifices religieux appartenant à des religions différentes ; elle est célèbre par les peintures murales miraculeusement préservées qui y ont été mises au jour, en particulier dans une synagogue, et qui attestent d'une manière unique l'existence d'un art figuratif juif. Il s'agit d'un art composite, qui a emprunté à la fois à la Grèce et à l'ancien Orient ; son originalité réside dans la représentation de face de tous les personnages. Les villes d'Assour et de Hatra (l'actuelle Al Hadr) témoignent également d'influences diverses, assyro-babyloniennes, grecques et iraniennes. Dans l'Est iranien, les influences de l'art grec sont aussi prédominantes, comme Kūh-i Xvāje (Séistan), où le stuc, d'importation grecque, a cette particularité d'être utilisé en panneaux de revêtements. Mais, à travers ces sites, comment caractériser un art proprement parthe ? Quelques reliefs rupestres ont été généralement attribués aux Parthes ; ils trahissent une grande maladresse. Seule la statue de Shami (Musée archéologique, Téhéran) est une œuvre importante. En bref, l'art parthe, qui ne devient un art original qu'aux alentours de notre ère, présente plusieurs innovations : les historiens s'accordent à reconnaître, par exemple, le rôle joué dans l'architecture par l' iwān, sorte de construction carrée possédant une ouverture très large sur le devant, et couverte d'une voûte utilisée alors sur de grandes portées. La généralisation aussi de la loi de frontalité qui bannit complètement la représentation de profil des personnages est spécifique des œuvres parthes. Non complètement dégagé des influences de l'art grec, l'art parthe[...]
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Écrit par
- Philippe GIGNOUX : directeur d'études à l'École pratique des hautes études
- Guy JUCQUOIS : docteur en philosophie et lettres, professeur ordinaire à l'université de Louvain
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