PARTHES
Langue et littérature
Les souverains sassanides, qui régnèrent du iiie siècle après J.-C. aux invasions arabes au milieu du viie siècle, utilisaient un dialecte moyen iranien occidental appelé moyen perse ou parfois pârsîk, originaire du Sud-Ouest, et constituant le chaînon intermédiaire entre le vieux perse des inscriptions achéménides écrit en caractères cunéiformes et le persan moderne écrit à l'aide de l'alphabet arabe. Le moyen perse est connu par les inscriptions des rois sassanides, par une abondante documentation sur papyrus datant du viie siècle et par des textes d'inspiration mazdéenne ou manichéenne.
Une fâcheuse confusion, et cela pour plusieurs raisons, risque de se produire entre les deux dialectes du moyen iranien occidental, l'un du Nord-Ouest, le parthe, l'autre du Sud-Ouest, le moyen perse. Tout d'abord, le terme générique pour désigner le moyen iranien occidental est généralement le pehlevi, ou pahlavîk, qui n'est autre qu'un dérivé de l'ethnique Parthava. Certains auteurs emploient donc le terme de pehlevi au lieu de parthe, tandis que pour d'autres ce nom désigne la langue officielle de l'État et de l'Église sassanides. D'autre part, il existe une continuité historique et politique entre l'époque arsacide et l'époque sassanide, d'où une successivité de certains documents. Dans d'autres textes, en revanche, on constate une simultanéité entre les écrits en parthe et ceux en moyen perse : ainsi dans les inscriptions officielles d'époque sassanide ou dans les textes manichéens conservés sur des manuscrits provenant du Tourfan (Sin-Kiang).
Les plus anciens témoignages du parthe, consistant en trois noms propres, datent de la grande inscription achéménide de Bîsoutoûn. Leur interprétation est douteuse, de même que celle des noms de gouverneurs « parthes » mentionnés dans une inscription assyrienne.
On admet actuellement que les milliers d'ostraca trouvés à Nisâ, à proximité de la moderne Ashkhâbâd en Turkmenistan du Sud, sont rédigés en parthe, mais presque seuls les compléments phonétiques de ces textes écrits à l'aide de mots araméens utilisés à la manière d'idéogrammes présentent un intérêt pour la connaissance du parthe du ier siècle avant J.-C. La documentation provenant d'Avromân, dans les monts Zagros, et datant de la même époque n'aide guère davantage. En effet, la langue écrite reste le grec ou l'araméen. C'est ainsi que les légendes des monnaies arsacides seront longtemps en grec, de même que les inscriptions royales jusqu'aux premiers Sassanides comprendront aussi une version grecque.
À partir du ier siècle de notre ère apparaissent les premiers témoignages clairs de la langue parthe : le bas-relief rupestre de Sarpoul (Shar-I-Poul), des monnaies parthes ou sogdiennes avec légendes en langue parthe. À la même époque, la tutelle exercée par les Parthes sur l'Arménie, qui dura de 66 avant J.-C. à 387 après J.-C., fut la cause de l'infiltration de nombreux termes parthes en arménien.
La langue utilisée dans les inscriptions officielles éventuellement accompagnées d'un texte grec et moyen-perse et datant des derniers Arsacides et des premiers Sassanides est archaïque et savante. La langue parlée par le peuple, en revanche, continua son évolution, et c'est dans ce dialecte rajeuni que furent composés les textes manichéens datables de la fin du iiie siècle et du ive siècle, dont les plus anciens sont contemporains de Mani (216-274 ou 277). Les textes font ensuite défaut durant deux siècles. Cette constatation, rapprochée de faits historiques, pousse les savants à admettre la disparition de la langue parthe, remplacée peu à peu, dans l'usage vivant, par le moyen perse introduit par des garnisons sassanides. Vers la fin du ve siècle un schisme[...]
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Écrit par
- Philippe GIGNOUX : directeur d'études à l'École pratique des hautes études
- Guy JUCQUOIS : docteur en philosophie et lettres, professeur ordinaire à l'université de Louvain
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