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ARISTOCRATIQUE PARTI, histoire romaine

La notion de parti, au sens exclusivement politique et moderne du terme, est inconnue dans la Rome antique. Le mot même n'existe pas et l'expression de parti aristocratique apparaît comme une simplification d'usage courant, utilisée par les historiens pour définir une réalité qui est plus complexe. En effet, à Rome on parle plutôt de factio, qui regroupe autour d'un homme politique les citoyens qui lui sont dévoués personnellement, sa clientèle électorale, dont les votes s'adressent plus à un homme populaire qu'à sa coloration politique. Certes, on trouve aussi les partes, qui sont des factions plus larges représentant un courant d'opinion autour d'un homme. Le parti aristocratique, dans la Rome antique, évolue au cours des siècles, mais il obéit à un certain nombre de constantes. Il est formé de patriciens, puis bientôt de nobles, hommes dont les ancêtres ont exercé une magistrature curule. C'est dans le parti aristocratique que le sénat recrute la grande majorité de ses membres, les optimates. Aussi, comme le sénat est, par rapport aux comices, l'assemblée souveraine qui tranche en dernier ressort, on peut dire que la République romaine n'a jamais été une véritable démocratie, puisque ses affaires ont été conduites par quelques grandes familles. Le parti aristocratique, sous la plume des historiens, est souvent appelé parti sénatorial. Cependant, il serait partiellement faux de croire qu'entre l'aristocratie de naissance ou de fonction et ce qu'on appelle le parti aristocratique il y a toujours eu un lien étroit. On a vu par exemple Tiberius et Caïus Gracchus, issus pourtant de la gens Cornelia, une des plus illustres familles romaines, devenir les défenseurs des populares contre les optimates. Et Pompée, lui-même, n'a pas dédaigné le soutien provisoire des populares.

Les membres du parti aristocratique, les optimates, sont les représentants moins de la réaction que de la tradition. ils forment le parti conservateur, au sens propre du terme. C'est ainsi que les optimates se feront les défenseurs acharnés et courageux de la République romaine contre les menées subversives des démagogues ou des zélateurs du pouvoir personnel. Il est vrai aussi qu'en s'appuyant sur la nouvelle bourgeoisie provinciale, Auguste fera rentrer l'ancienne « aristocratie » dans le rang et lui confiera, imité en cela par ses successeurs, toutes les magistratures à titre honorifique : le parti aristocratique ou sénatorial des optimates s'est transformé peu à peu en parti unique, enregistrant docilement les décisions de l'empereur.

— Joël SCHMIDT

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Écrit par

  • : diplômé d'études supérieures d'histoire, directeur de collections historiques

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