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PARTIS POLITIQUES Fonctionnement

Répertoires partisans

Un répertoire partisan peut être désigné, par analogie avec la notion de répertoire de l'action collective développée par Charles Tilly, comme l'ensemble des moyens d'action, constamment réinventés, que mettent en œuvre les militants et les dirigeants d'un parti politique.

Adhésions, adhérences, militantismes

Selon une étude de Peter Mair et Ingrid Van Biezen parue en 2001, le nombre d'adhérents à un parti politique a notablement diminué et l'activité militante s'est tassée, sauf lorsque l'appel à une base acclamatrice nourrit temporairement des stratégies de conquête interne ou lorsque les enjeux apparaissent fortement clivés. Le vieux rôle de militant, tractant, « boîtant », collant des enveloppes et des affiches, faisant du porte-à-porte, collectant des pétitions, manifestant et participant à l'élaboration de la ligne politique de son parti n'a jamais été généralisé dans le passé, sauf dans certains partis reposant sur le militantisme. Le travail militant peut être même déconsidéré comme capteur actif des peurs et des aspirations sociétales, et être remplacé, parmi les dirigeants, par le recours massif à la médiation des sondages comme forme de connaissance « vraiment scientifique de l'opinion publique ». Les appels à manifestation lancés par les partis se sont aussi délités mais avec des différences selon le degré de pacification des rapports politiques et sociaux selon les pays.

L'effondrement des systèmes d'action partisans européens ?

La seconde restriction de la surface partisane tient à la distanciation des liens existant entre les partis et des groupes organisés comme des syndicats ou des associations, des mouvements sociaux ou des mouvances religieuses, plus prêts désormais à jouer de la rhétorique de l'autonomie et de la « société civile » que de prendre le risque de la satellisation (« noyautage », « courroie de transmission », « débouchés politiques d'un mouvement ») ou celui de la « récupération politicienne. Les « partis indirects » avec adhésion collective des syndiqués disparaissent peu à peu (Norvège, Suède, restrictions en Grande-Bretagne).

L'exemple du P.C.F., décrit par Bernard Pudal en 1989 et par Céline Braconnier et Jean-Yves Dormagen en 2007, comme la démonstration de la rétraction des réseaux du P.S., exposée par Rémi Lefebvre et Frédéric Sawicki en 2006 dans La Société des socialistes, sont éclairants. Auparavant, ces groupes étaient des lieux de production de prédispositions au militantisme (mouvements chrétiens, de jeunesse, syndicalismes, appartenance au « mouvement associatif »), de production d'attentes et de croyances générales sur la société et d'amplification des pratiques et des valeurs partisanes, grâce notamment à la multi-appartenance de certains militants. Ce mouvement de déclin concerne surtout l'Europe où les partis sont sans doute devenus plus strictement politiques, des partis d'« élus », alors même que leur surface est plus large dans certains partis d'Amérique latine par exemple.

Plus généralement, le détachement des classes populaires européennes et américaines à l'égard de la politique, partisane notamment, entretient le cercle vicieux pointé par Steven Schier dans By Invitation Only en 2001 : les organisations politiques sont d'autant moins portées à activer ce type d'électorat et à s'y intéresser, que ces électeurs ne votent pas et ne sont donc pas « électoralement rentables ». Braconnier et Dormagen montrent à partir de l'exemple d'un bureau de vote de Seine-Saint-Denis comment le développement de la précarité dans le travail et l'effondrement des encadrements militants obèrent l'activation du devoir civique et de la politisation dans les relations de voisinage,[...]

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Écrit par

  • : professeur de sciences politique, université de Paris-I, Centre de recherches politiques de la Sorbonne, Laboratoire de sciences sociales de l'École normale supérieure

Classification

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