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PARTIS POLITIQUES Théorie

Le parti comme relation sociale

Si l'on veut rentrer dans les boîtes noires partisanes plutôt que de travailler sur des entités, on considérera que les partis comme des relations sociales. D'abord structurelles et organisationnelles, ces approches utilisent désormais les concepts de champ, d'entreprise et de réseau.

L'approche structurelle

Maurice Duverger a inauguré une approche structurelle ou organisationnelle des partis. Un parti est d'abord une organisation. Cette approche révèle plus une filiation juridique (référence aux statuts et aux coutumes partisans) qu'un héritage ostrogorskien et michelsien dont il se réclame aussi. On étudie la structure, les membres (électeurs, adhérents, sympathisants, militants) ou les dirigeants. Dans Les Communistes français : essai d'ethnographie politique (1968), Annie Kriegel étudie les couronnes extérieures, le peuple communiste et l'appareil.

L'approche organisationnelle

Angelo Panebianco se réclame aussi de la sociologie des organisations en remettant en cause le dogme de l'unicité des buts d'une organisation et en insistant sur sa genèse. Selon ce modèle génétique, un parti est dépendant des conditions concrètes dans lesquelles il a été constitué : mode de formation (pénétration ou diffusion), existence ou non d'un tuteur extérieur, présence ou non d'un dirigeant charismatique, caractéristiques de l'environnement (type de bureaucratie étatique, position au pouvoir ou dans l'opposition, consolidation au pouvoir ou dans sa conquête). L'institutionnalisation d'un parti implique le passage d'une organisation à une institution. Panebianco met l'accent sur les rôles organisationnels qui permettent de définir les coalitions et les conformations de pouvoir dans l'organisation.

Les ambiguïtés et les limites mêmes de la notion d'organisation ont été relevées notamment par Ehrard Friedberg en 1993 dans Le Pouvoir et la règle. Pour lui, l'organisation doit être comprise comme un contexte d'action plus ou moins anarchique, comme une forme de coordination et d'ajustement, plus que comme une structure rigide et hiérarchisée. L'opposition entre l'organisation et son environnement doit aussi être relativisée. De plus, la définition des acteurs comme stratèges de leur rôle, peu défini par les propriétés qu'y importent leurs titulaires, ont conduit souvent à un aplatissement de cette notion : une organisation politique est uniquement un ensemble coordonné vers des objectifs politiques. Les promoteurs de l'analyse structurelle, s'étaient moins intéressés aux concepts susceptibles de nourrir une sociologie des organisations politiques qu'à l'autorité des chefs.

Mais l'organisation, comme ensemble structuré et régulé d'activités, renvoie à un ensemble de concepts (acteur pertinent, système d'action concret, analyse stratégique, pouvoir comme relation, rationalité limitée, zones d'incertitude, changement ou rôles) qui sont désormais au cœur d'automatismes de raisonnements.

Une sociologie constructiviste et relationnelle

La sociologie constructiviste prend au sérieux une chose simple et pourtant controversée : dans les partis comme dans tous les autres espaces sociaux à étudier, on ne peut concevoir, selon les termes de Pierre Bourdieu, l'agent social sans son champ ou, selon ceux de Michel Crozier, l'acteur sans son système. Pour répondre à la question « pourquoi et comment les agents font ce qu'ils font », il faut s'intéresser à leurs trajectoires sociales et comprendre comment leurs cadres cognitifs, matériels et interactionnels, ont été produits et transformés. Les agents efficients d'une organisation sont le produit de la construction de la structure du jeu auquel ils participent, celui de leur trajectoire sociale propre et du degré auquel ils[...]

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Écrit par

  • : professeur de sciences politique, université de Paris-I, Centre de recherches politiques de la Sorbonne, Laboratoire de sciences sociales de l'École normale supérieure

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