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FERRAN PASCALE (1960- )

Née en 1960 à Paris, Pascale Ferran fait des études de cinéma à l'université. Étudiante à l'I.D.H.E.C. de 1980 à 1983, elle organise un groupe de travail avec Arnaud Desplechin, Eric Rochant, Pierre Trividic. Pendant la décennie 1980, elle est assistante sur des émissions de télévision et réalise plusieurs courts-métrages dont Le Baiser (1990, une série de courts plans de baisers entre couples de tous âges, races et conditions), distingué dans une trentaine de festivals internationaux. Elle collabore aussi à l'écriture des premiers longs-métrages de Jean-Pierre Limosin (Gardien de nuit) et Arnaud Desplechin (La Sentinelle), au second de Philippe Venault (Blancs cassés) et à tous les essais d'art vidéo de Pierre Trividic. Peaufiné pendant des années d'efforts, son premier long-métrage Petits Arrangements avec les morts reçoit la caméra d'or au festival de Cannes 1994 et propulse la réalisatrice en tête de la génération 1990 du nouveau cinéma français.

Il s'agit d'une comédie ample et puissante sur le travail de deuil, contée sous forme d'un insolite triptyque déséquilibré et centré sur trois personnages dont deux sont frère et sœur. Mais le premier d'entre eux est un enfant de dix ans étranger à la famille. Les rapports ne sont donc pas diégétiques mais surgissent au niveau des sensations comme des réactions viscérales provoquées par la mort d'un être cher. Articulée autour de la construction par l'homme de quarante-cinq ans d'un splendide château de sable sur une plage bretonne, l'histoire est dispersée entre passé et présent, mais varie aussi au gré des changements de point de vue portant sur un même événement. L'œuvre, trouble, est fondée principalement sur l'opération de mise en scène qui joue de ces êtres complexes pris dans un puzzle mystérieux. Écrit et préparé à toute vitesse, tourné en un mois avec les étudiants du Théâtre national de Strasbourg, L'Âge des possibles (1995) enregistre les interrogations, les attentes, espoirs ou angoisses de dix jeunes gens de vingt à vingt-cinq ans. Mais, dans cette enquête d'esprit documentaire, c'est encore la structure qui génère le sens. En effet, si le film débute par le montage de vignettes saisissant en instantanés les comportements des protagonistes, une voix off vient interrompre brutalement ce morcellement haletant pour énoncer à la façon d'un démiurge la problématique du constat. Aussitôt chacun reprend alors sa présentation mais dans un autre style, plus posé, permettant à la réflexion et à l'émotion de s'installer. Car tous ces jeunes acteurs vont bouger, secouer l'immobilisme et chercher leur vérité.

Après ces deux œuvres brillantes, tout se dérègle pourtant dans la carrière de Pascale Ferran ; les projets tournent court, les financements manquent jusqu'à ce qu'elle puisse réaliser en 2006 une adaptation de Lady Chatterley, d'après la première version du roman de D. H. Lawrence, dont elle monte deux versions : celle de 3 h 30 min diffusée par Arte et celle de 2 h 40 min que compte le film distribué en salles. Après un long début décevant, la cinéaste concentre son attention sur Constance (Marina Hands) transfigurée par sa découverte éblouie de la sensualité et qui donne vie à l'histoire. On a rarement montré avec tant de bonheur ce miracle de l'amour, l'épanouissement de Constance, bousculant tous les personnages qui l'entourent par la force qui l'habite. Dans le même mouvement, Pascale Ferran renaît au cinéma comme l'héroïne de Lawrence accède à la plénitude de sa nature, de sa personne et de sa condition de femme. Le film reçoit cinq césars. Dans son discours à la cérémonie de remise des prix en février 2007, la cinéaste tempère l'enthousiasme en rappelant les dix années de grande difficulté qui ont précédé. Puis elle constitue un groupe de travail,[...]

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Écrit par

  • : professeur honoraire d'histoire et esthétique du cinéma, département des arts du spectacle de l'université de Caen

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