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PASSAGES, architecture

Histoire des passages

La naissance

Le premier passage couvert qui voit le jour à Paris, les galeries de bois, se distingue des passages qui seront construits par la suite en ce qu'il ne se faufile pas entre des bâtiments déjà existants mais est entièrement autonome. En 1784, le duc de Chartres Philippe d'Orléans fait construire par Louis des galeries devant le Palais-Royal qu'un guide de 1815, Le Conducteur de l'étranger à Paris de F. M. Marchant, décrit ainsi : « Une ignoble galerie de bois masque depuis quarante ans du côté du Palais l'entrée du jardin. C'est le premier fruit de la spéculation mercantile d'un prince qui, pour grossir ses immenses revenus et suffire à ses dépenses désordonnées, transforma tous les abords de son palais en bazars magnifiques, il est vrai, mais messéant à la grandeur d'un prince. Dans ce double rang de galeries, on voit s'y presser dans d'étroites boutiques les libraires et les marchands de mode [...]. Des deux côtés sont des cafés d'un mauvais genre [...]. Au-dessous sont des grottes et des estaminets dont les petits spectacles et la musique invitent chaque soir les imprudents à venir être dupes des femmes galantes et des escrocs qui font leur séjour de ces réduits obscurs. » Cet édifice provisoire, né du triomphe de l'esprit bourgeois, ne sera détruit qu'en 1828 et cédera la place à la galerie d'Orléans, construite en 1829 par Fontaine ; galerie luxueuse, froide et austère qui ne connaîtra pas la même animation que les galeries de bois ; le public lui préfère déjà les grands boulevards.

On construit le passage du Caire en 1799 puis, sous le premier Empire, le passage des Panoramas (1808), le passage Delorme (1808). Entre 1808 et 1820, le passage connaît une période de latence en France qui s'explique par la situation économique à laquelle est confrontée la France durant les dernières années de l'Empire et au lendemain de Waterloo. C'est d'ailleurs après cette défaite, qui a fait affluer à Paris, et en particulier autour du Palais-Royal, beaucoup d'étrangers, que le passage va se répandre en Europe. Royal Opera Arcade est construite à Londres en 1818 et Burlington Arcade en 1819.

L'essor des passages

À partir des années 1820, le passage devient un véritable phénomène de mode. Ce ne sont plus seulement les capitales européennes mais aussi bientôt les grandes villes de province qui vont mettre leur point d'honneur à se doter de passages où se laissent reconnaître les modèles parisiens mais aussi diverses influences locales. À Paris, le passage de l'Opéra est ouvert en 1823, la galerie Vivienne et le passage Choiseul en 1825, la galerie Colbert en 1826, la galerie Véro-Dodat en 1826, la galerie d'Orléans en 1829. À Lyon, le passage de l'Argue en 1828 ; à Bordeaux, la galerie Bordelaise en 1834 ; à Bristol, Upper and Lower Arcade en 1825 ; à Philadelphie, Philadelphia Arcade en 1827 ; à Glasgow, Argyle Arcade en 1827 ( ?) ; à Providence, Weybosset Arcade en 1831 ; à Londres, Lowther Arcade en 1831 ; à Newcastle, Royal Arcade en 1832 ; à Liège, le passage Lemonnier en 1839.

Cette prolifération des passages révèle la plasticité du type. Les situations particulières appellent en effet des solutions spécifiques. Dans le cas le plus banal, le passage traverse en ligne droite un îlot (passage Brady-passage du Ponceau-passage du Grand-Cerf à Paris, Lowther Arcade à Londres). Mais, dès que le parcellaire ou que la position relative des axes importants qu'il relie l'exige, le passage prend des formes beaucoup plus complexes. Il peut présenter des déboîtements axiaux (le passage Jouffroy à Paris), établir un lien entre des niveaux différents (le passage Pommeraye), comporter des accès secondaires ménagés par des passages plus étroits greffés sur le tronc central (la galleria Cristoforis à Milan, le passage[...]

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