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PATERSON, William Carlos Williams Fiche de lecture

Une poésie du mouvement

Parce que les gens de Paterson vivent sans comprendre leur milieu et leurs origines, Williams s'applique à montrer que connaître ses racines vous redonne la vie. Il évoque tour à tour Colomb et Cortès, le Mayflower, la fondation de Québec, l'homme politique américain Aaron Burr, un livre de Benjamin Franklin, l'histoire de Paterson écrite par Nelson. Mais il sait assimiler l'événement, et gomme toute distance entre la chronique et son rebondissement dans le récit.

Des avertissements jalonnent également Paterson : la culture engrangée paralyse ; la mer n'est pas une patrie mais l'amorce d'un questionnement ; l'exil peut évoquer les rivages d'un commencement obscur sans fournir la clé du mystère de l'existence. En ancrant la création poétique dans le sol américain, W. C. Williams répudie le cosmopolitisme culturel de Pound, pour revenir au langage de l'oralité. Il conçoit un vers fondé sur la mesure, « inévitable comme le mouvement » au lieu du rythme – « quelque chose de gratuit, dénué de signification précise » –, un vers d'une longueur non déterminée d'avance qui permette des variations subtiles d'accent. En quelque sorte, la danse des mots sur la page. La fin de Paterson est révélatrice : « Nous ne savons rien, nous ne saurons jamais rien, sinon/ danser, danser sur une mesure/ à contrepoint. »

L'intensité des rythmes de Paterson, sa densité verbale n'ont pas manqué d'inspirer la génération de Charles Olson et d'Allen Ginsberg.

— Michel FABRE

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  • WILLIAMS WILLIAM CARLOS (1883-1963)

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    • 3 434 mots
    Paterson (1946-1958) se veut « réponse au grec et au latin les mains nues ». Long poème épique inachevé, Paterson célèbre la fierté locale, rappelle qu'au xixe siècle, les chutes du Passaic éblouissaient le visiteur, l'enchantaient. Le thème écologique greffe une vigoureuse méditation...