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PATRIARCATS

Patriarcats non chalcédoniens et patriarcats catholiques

Les Églises orientales nées de la crise nestorienne et monophysite se régissent aussi selon une structure patriarcale. Elle est traditionnellement centralisatrice chez les nestoriens et chez les coptes (patriarcat d'Alexandrie, dont le patriarcat d'Éthiopie s'est définitivement émancipé en 1959). L'Église arménienne a deux patriarcats majeurs dits catholicossats (Etchmiadzine et Sis-Antélias) et deux patriarcats mineurs (Jérusalem et Istanbul). Le patriarche de l'Église syrienne réside à Damas.

Au sein de l'Église catholique contemporaine, l'institution patriarcale revêt des modalités propres. Le titre est purement honorifique en ce qui concerne le patriarcat de Venise, lointain héritier de celui d'Aquilée (Grado) et les patriarcats modernes des Indes occidentales (attribué à un évêque espagnol depuis 1524), de Lisbonne (1716) et des Indes orientales (Goa, 1886). Le patriarcat latin de Jérusalem, réservé à un prélat italien depuis sa restauration en 1847, est le seul des quatre patriarcats latins créés en Orient lors des croisades à avoir été maintenu ; les autres ont été supprimés par Rome en 1964, en signe d'esprit œcuménique. En fait le seul véritable patriarche de l'Église d'Occident est l'évêque de Rome. Il agit en tant que tel lorsqu'il légifère pour l'Église latine, ainsi Paul VI maintenant le célibat, dans son encyclique de 1967, pour les seuls prêtres catholiques de rite latin.

Pour des raisons ecclésiologiques, Vatican II a revalorisé l'institution patriarcale dans les Églises orientales unies : préséance des patriarches sur les cardinaux ; échanges de lettres de communion avec le pape lors de leur élection et non plus confirmation. Cette revalorisation se heurte cependant à la faiblesse numérique des catholiques orientaux, à la multiplicité de titulaires pour un même siège (Antioche compte un patriarche maronite, un syrien et un melkite) ou à la multiplicité des sièges pour un seul titulaire (le patriarche melkite d'Antioche l'est aussi d'Alexandrie et de Jérusalem). La situation actuelle de ces patriarcats ne préfigure donc pas celle qui pourrait exister après la réconciliation de l'Orient et de l'Occident. Elle n'est pas conforme à la promesse solennelle faite par l'Église romaine au concile de Florence en 1439 ; selon le IIe concile du Vatican (décret sur les Églises orientales, no 30), il n'y a là que dispositions provisoires.

Signalons, à titre de curiosité juridique, que dans l'ensemble des pays arabes successeurs de l'Empire ottoman les patriarcats exercent la juridiction civile sur leurs fidèles en matière de statut personnel, conformément au droit coranique, qui laisse cette autonomie aux chrétiens.

— Hervé LEGRAND

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Écrit par

  • : professeur honoraire à l'Institut catholique de Paris

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