Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

FOUILLAUD PATRICE (1949- )

Article modifié le

Prix des jeunes compositeurs de la S.A.C.E.M. en 1985, le Français Patrice Fouillaud, né le 28 mars 1949 à Limoges, étudie la flûte au Conservatoire de sa ville natale, puis se perfectionne en composition à l'Accademia musicale Chigiana de Sienne (1979), auprès de Franco Donatoni, puis à l'Accademia nazionale di Santa Cecilia de Rome (1980-1982), où il obtient, à la fin de son cursus, un premier prix de composition. Il dirige le Conservatoire de Villeneuve-le-Roi, en région parisienne, de 1982 à 2009. Là, il conduit de multiples initiatives pédagogiques, dont témoigne Récréation, oratorio pour enfants (1987).

Son catalogue comporte des partitions touchant à tous les genres, avec une prédilection pour la musique de chambre et les petits ensembles instrumentaux, dont témoignent Voile mauve, pour flûte, clarinette et piano (1976), Polyphonies d'exil, pour hautbois, violon, alto, violoncelle et clavecin (1981), D'une rumeur nocturne, pour flûte, piano et percussion (1983), Quintette pour le temps qui passe, pour flûte, clarinette, violon, violoncelle et piano (1988), Pourri, papou rit !, pour flûtiste jouant les quatre flûtes, bande magnétique et deux corps en mouvement (1997), À partir du moment, pour quatuor à cordes (2002).

Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

Amoureux du timbre, Fouillaud déploie toute son inspiration à travers une matière instrumentale et orchestrale qu'il traite, à la façon d'un peintre, par touches soulignées de lumière. Celle-ci, dans sa dimension solaire, possède chez ce créateur la réalité d'un véritable objet sonore, l'accord de si majeur – appelé par lui « si de lumière » –, qui illumine sa page la plus dramatique, Souviens-toi, pour orchestre (1994).

Cette passion pour les variations et les chatoiements infinis d'une lumière allant se couchant, une poétique du Naturlaut, la « voix de la Nature » chère à Gustav Mahler, ainsi qu'une prédilection pour des harmonies nocturnes sont, de fait, les traits caractéristiques fondamentaux de la musique de Fouillaud, particulièrement manifestes dans Langsam, pour piano et petit orchestre (1985), Huit Préludes symphoniques, pour quatuor à cordes et grand orchestre (1989), Au-delà des horizons expansibles, pour guitare électrique et grand orchestre (1991), Souvenir du présent, pour hautbois, orchestre à cordes, harpe et clavecin (1993).

Le langage de ce créateur atonal est donc placé tout entier dans le registre expressif, sa musique obéit à une intériorité de la nuit régie par une attention sans failles à l'écriture et par un incoercible amour du métier artisanal. Là tout n'est qu'ordre, tendresse, mélancolie et volupté. Là s'impose l'esthétique du nocturne, révélée par le choix des titres. Là se complaît une sensualité sonore « impressionniste », où la Nature tient une place des plus importantes : que ce soit un soleil couchant, dans Crépusculaire, pour sept altos (1984), un matin d'hiver, dans le Prélude inachevé pour un matin d'hiver, pour orchestre (1990), un parfum, dans Comme un parfum de mûres sauvages, pour piano (1993), ou encore un chant d'oiseau, dans le thrène désolé qu'est Souviens-toi, pour orchestre (1994).

Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

Raffinement et sensibilité caractérisent ainsi les œuvres de ce musicien aimant le mystère (Vers un espace déchiré, pour grand orchestre, 1985), les éclairages à la Turner (Vers l'aube, pour petit orchestre, 1985 ; Franges dans le contour de l'ombre, pour clarinette basse et ensemble, 2010), les résonances et les vibrations sonores subtiles (Sonate pour piano, 1979), et que la nostalgie et la contemplation colorent (Preludio alla notte, pour neuf instruments, 1982 ; Méditation II, pour flûte en sol, 1985 ; Le Bel Hautbois dormant, pour hautbois et piano, 1997 ; Dans la mélodie de la contemplation et de l'oubli, pour violon et ensemble, 2005).

Portant un soin particulier à la dimension harmonique, souvent modale chez lui, aux articulations et transitions, aux détails organiques et structurels de son matériau sonore – il a même donné à sa préoccupation le titre d'une œuvre : Picture's Detail, pour violoncelle et piano, 1985 –, mais aussi aux gestes musicaux archétypaux venus de notre passé – Concert pour harpe et guitare, pour harpe, guitare et petit orchestre (1987), se souvient ainsi du concerto grosso –, Patrice Fouillaud, tout naturellement, ne se réclame d'aucune chapelle, d'aucune esthétique particulière. Et s'il use parfois de la tonalité, c'est uniquement comme d'une couleur supplémentaire à sa palette et jamais pour sacrifier aux goûts du jour. Car l'attitude néo-classique est tout à fait étrangère à ce compositeur, qui recherche avant tout, au travers de l'homogénéité du discours musical, sa propre vérité.

— Alain FÉRON

Accédez à l'intégralité de nos articles

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : compositeur, critique, musicologue, producteur de radio

Classification

Voir aussi