HIGHSMITH PATRICIA (1921-1995)
De très nombreuses adaptations cinématographiques, les plus fameuses étant L'Inconnu du Nord-Express d'Alfred Hitchcock (1951), Plein Soleil de René Clément (1960) et L'Ami américain, de Wim Wenders (1977), ont contribué à populariser l'univers de Patricia Highsmith. Un univers qui, s'il s'appuie sur les formes et les conventions du roman policier, sait aussi en jouer à merveille pour distendre au maximum le temps de la narration, et introduire le lecteur dans un univers équivoque où le dédoublement est la loi. Si elle a connu le succès avec l'Inconnu du Nord-Express et la série des Ripley, Patricia Highsmith, « poète de l'angoisse plus que de la peur » (Graham Greene), est aussi l'auteur d'une œuvre plus secrète, qui culmine avec Le Journal d'Édith.
De Fort Worth à Saratoga Springs
Ce n'est qu'à l'âge de douze ans que Mary Patricia Highsmith (née Plangman, en 1921 à Fort Worth, au Texas) fait la connaissance de son véritable père, qui avait abandonné le domicile conjugal cinq mois avant sa naissance. La mère étant également partie, la fillette avait été confiée à sa grand-mère qui l'élèvera jusqu'au retour de la mère, trois ans plus tard, remariée à un nommé Stanley Highsmith, qui adopte l'enfant et lui donne son nom.
Le trio quitte le Texas pour New York où les disputes entre la mère et le beau-père sont monnaie courante. La jeune Mary Patricia se réfugie dans la lecture de romans : ceux de Lewis Caroll et d'Herman Melville d'abord, puis d'Henry James et de Marcel Proust. Après son baccalauréat, elle entre au Barnard Collège de Columbia. Elle participe également à plusieurs manifestations antifascistes lors de la guerre d'Espagne. En 1942, son diplôme en poche, elle part pour Taxco (Mexique) dans l'intention de rédiger un roman, mais échoue dans sa tentative. Rentrée à New York, elle loue un modeste studio dans la 56e Rue, place une de ses nouvelles dans Harper's Bazaar, rédige des scénarios de bandes dessinées, notamment pour la série des Superman.
C'est au cours de cette période qu'elle envisage d'écrire un roman qui reposerait sur un échange de meurtres. Elle se met au travail, propose le manuscrit à six éditeurs et essuie autant de refus. Son ami Truman Capote (qui n'est pas encore l'auteur de De sang froid, mais journaliste au New Yorker) lui propose alors de sous-louer son studio contre une recommandation auprès de la fondation Yaddo, à Saratoga Springs, qui héberge dans des conditions optimales de jeunes créateurs pour leur permettre de mener à bien leurs projets. Strangers on a Train (L'Inconnu du Nord-Express) paraît finalement en 1950 et sera porté à l'écran par Alfred Hitchcock, un an plus tard.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Robert DELEUSE : écrivain
Classification