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HIGHSMITH PATRICIA (1921-1995)

« Un sentiment personnel de danger »

Le succès public et l'adaptation filmique de L'Inconnu du Nord-Express lui ayant rapporté de l'argent, Patricia Highsmith voyage, séjournant à Londres, Paris, Salzbourg, Zürich, Majorque, Cagnes-sur-Mer, avant de gagner l'Italie et de s'installer près de Naples, à Positano. C'est là que va naître son unique personnage récurrent, Tom Ripley, héros d'une pentalogie romanesque qui inspirera de nombreux metteurs en scène, parmi lesquels René Clément, Wim Wenders et Anthony Minghella. En 1961, la romancière apprend que son roman The Two Faces of January (Les Deux Faces de janvier, finalement publié en 1964) vient d'être refusé pour la seconde fois par son éditeur, tout comme le sera The Glass Cell (La Cellule de verre, 1964), un roman qui, contrairement aux autres, ne lui était pas venu d'une idée personnelle, mais de la lettre que lui avait adressée un prisonnier qui voulait devenir écrivain.

Après avoir changé d'éditeur, Patricia Highsmith quitte définitivement les États-Unis pour l'Europe. C'est d'abord l'Angleterre, où elle acquiert sa première maison. Là, elle s'inspire de la campagne anglaise pour écrire The Story-Teller (L'Homme qui racontait des histoires, 1965) dans lequel elle extrêmise cette sorte d'« afféterie » dans le processus du glissement progressif vers le crime qu'une certaine critique lui reprochera. À tort, car c'est précisément cette lenteur extrême qui autorise la mise en place du mécanisme destiné à placer le lecteur dans l'état d'envoûtement qui va lui permettre de se tenir au plus près du protagoniste majeur, tout en pénétrant dans l'univers si particulier de l'auteur avec, selon l'expression de Graham Greene, « un sentiment personnel de danger ».

Délaissant la campagne anglaise, Patricia Highsmith opte ensuite pour la France : Fontainebleau puis Samois, Montmachoux, Montcourt où elle rédige, entre autres et au meilleur d'elle-même Edith's Diary (Le Journal d'Edith, 1977), vingt ans de la vie d'une femme, tableau d'une existence à vau-l'eau où se mêlent réalités et fantasmes, imaginaire et quotidien.

À la suite d'une perquisition sans motif apparent des douanes françaises, Patricia Highsmith s'établit en Suisse, à Aurigeno, puis (après une opération du poumon à Londres), à Tegna, où elle se fait construire une maison selon ses plans, qui ressemble à celle que Guy Haines aurait aimé bâtir pour y vivre heureux avec Anne. Elle publie encore trois romans, Une créature de rêve (1986), Smallg : une idylle d'été (1994) et le dernier livre de la série Ripley, (Ripley entre deux eaux, 1992), avant de s'éteindre, le 4 février 1995, léguant la totalité de ses biens à Yaddo, la fondation où était née l'idée de son premier meurtre échangé.

— Robert DELEUSE

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