PETIBON PATRICIA (1970- )
En 1998, les Victoires de la musique classique proclamaient Patricia Petibon « meilleur espoir lyrique » ; deux fois, par la suite, en 2001 et en 2003, cette même institution accorda à la jeune soprano le titre d’« artiste lyrique de l’année ». Une consécration pour une cantatrice atypique, l’une des meilleures et des plus originales de sa génération.
Patricia Petibon naît à Montargis le 27 février 1970. C’est au conservatoire de Tours qu’elle commence ses études musicales ; elle obtient un premier prix, qui la mène tout droit au Conservatoire national supérieur de musique (C.N.S.M.) de Paris. Là, elle fréquente la classe de chant de Rachel Yakar, pédagogue de grande réputation mais aussi merveilleuse chanteuse, admirée des plus fameux chefs d’orchestre – Nikolaus Harnoncourt et Pierre Boulez, entre autres – pour sa finesse musicale et la pureté de son style, dans un vaste répertoire qui va de Claudio Monteverdi à Francis Poulenc et à Arthur Honegger, en passant par Jean-Baptiste Lully, Jean-Philippe Rameau, Wolfgang Amadeus Mozart, Leoš Janáček, Giacomo Puccini… Trois ans après cette rencontre, en 1995, l’élève aux dons multiples quitte l’établissement avec un premier prix.
Un répertoire éclectique
Les qualités de Patricia Petibon attirent l’attention de William Christie, claveciniste, chef d’orchestre et fondateur de l’un des meilleurs ensembles baroques (Les Arts florissants), mais aussi, à l’époque, professeur au C.N.S.M. Sous sa direction, elle débute en 1996 à l’Opéra de Paris, au Palais-Garnier, dans une production d’Hippolyte et Aricie de Rameau que met en scène Jean-Marie Villégier ; elle y interprète le rôle de l’Amour, et son physique, son charme, sa personnalité ne passent pas inaperçus. Commence alors, pour elle, une carrière qui est d’abord placée sous le signe de l’éclectisme : Blondchen dans Die EntführungausdemSerail (Mozart), Zerbinetta d’Ariadneauf Naxos et Sophie du Rosenkavalier(Richard Strauss), Norina de Don Pasquale(Gaetano Donizetti), Olympia des Contes d’Hoffmann (Jacques Offenbach) – qu’elle incarne, entre autres, dans une mise en scène à grand spectacle au Palais omnisports de Paris-Bercy en 2004 –, conviennent idéalement à sa voix brillante de soprano colorature, agile dans les vocalises les plus folles, insolente dans l’aigu. Mozart n’est jamais loin ; outre Blondchen (1999), elle aborde les rôles de Serpetta dans La FintaGiardiniera(1999), de Susanna dans LeNozze di Figaro (2006), de Giunia dans Lucio Silla (2006) – à Vienne sous la baguette de Nikolaus Harnoncourt –et d’Aspasia dans Mitridate (2009) ; elle est également mademoiselle Silberklang dans le désopilant Schauspieldirektor– où elle enchante le festival de Salzbourg 2002. Jamais cette musicienne de haut vol n’abandonne le baroque, puisqu’on l’applaudit aussi bien dans Rameau (Les Indes galantes) que dans Joseph Haydn (Armida) ou Georg Friedrich Haendel (Ariodante). Un éclectisme qui la conduit à pousser brièvement la chansonnette au côté de Florent Pagny.
D’année en année, Patricia Petibon gagne ainsi ses galons de cantatrice. Son talent est reconnu, on l’apprécie pour sa musicalité scrupuleuse, son timbre cristallin, sa virtuosité. Pour son tempérament, aussi. Car elle n’est pas de celles qui ne pensent qu’à leur chant sans faire aucun effort pour incarner un personnage. Quand elle interprète le rôle de sœur Constance dans Dialogues des carmélites de Poulenc, elle est confondante de sincérité et de gentillesse. Et pour celui de Sophie dans DerRosenkavalier, elle ajoute au charme de cette jeune amoureuse un caractère bien trempé.
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Écrit par
- Michel PAROUTY : journaliste
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