PETIBON PATRICIA (1970- )
La révélation de Lulu
En 2010, un tournant important survient dans la carrière de la jeune soprano : au Grand Théâtre de Genève, elle aborde le rôle-titre de Lulu d’Alban Berg, l’un des emplois les plus éprouvants du répertoire, surtout dans la version en trois actes qui a désormais cours dans toutes les salles lyriques. Patricia Petibon est d’autant plus heureuse de relever ce défi qu’elle a pour metteur en scène Olivier Py, l’un des enfants terribles du théâtre français. Py doit beaucoup à Jean-Marie Blanchard, directeur de la salle genevoise jusqu’en 2009, qui lui a toujours fait confiance et a contribué à établir sa réputation de metteur en scène d’opéra. À ses côtés, Patricia Petibon a déjà interprété Olympia dans une étonnante version des Contes d’Hoffmann. Pendant plus d’un an, elle travaille avec acharnement la partition de Berg. Le résultat est époustouflant ; car non seulement elle est irréprochable du point de vue musical, mais aussi sur le plan dramatique : elle brûle littéralement les planches. En même temps, on remarque que la voix a évolué. Sans rien perdre de sa légèreté et de son aisance dans l’aigu, elle s’est arrondie, le timbre s’est enrichi. Il est certain qu’un nouveau répertoire s’ouvre à la cantatrice. Elle incarne ainsi Donna Anna dans la production de Don Giovanni de Mozart dont le cinéaste Michael Haneke avait signé la mise en scène lors de sa reprise en 2012 au Palais-Garnier. Elle est aussi, à Munich, une intense Gilda du Rigoletto de Giuseppe Verdi, un personnage qu’elle entraîne loin de l’« oie blanche » qu’on montre trop souvent. Les Dialogues des carmélites lui offrent une autre occasion de briller : elle délaisse sœur Constance pour Blanche de la Force, et le spectacle donné au Théâtre des Champs-Élysées en décembre 2013 est un triomphe. À la mise en scène, elle retrouve son complice Olivier Py, qui signe là l’une de ses plus belles réussites.
En 2014, Patricia Petibon fait partie de la distribution qui, au printemps, assure la création mondiale de l’ouvrage de Philippe BoesmansAu monde, d’après la pièce de Joël Pommerat, au Théâtre de la Monnaie de Bruxelles. Une étape majeure dans la carrière de cette artiste qui, à la scène comme au disque, refuse la routine et assume crânement des choix qui l’honorent.
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Écrit par
- Michel PAROUTY : journaliste
Classification
Média
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