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BERGER PATRICK (1947- )

L'architecte Patrick Berger est né en 1947 à Paris. Il entreprend des études d'architecture à l'École nationale supérieure des beaux-arts, puis à l'unité pédagogique d'architecture no 1 (Paris-Villemin), dont il sort diplômé en 1972. Dans le même temps, il soutient un doctorat en urbanisme, avant d'ouvrir son agence en 1974. Ses premiers projets et ses premières réalisations s'inscrivent d'emblée dans une recherche particulière, la quête des principes fondamentaux de l'architecture et de la construction. L'immeuble qu'il édifie dans un faubourg de Saint-Lô (à partir de 1977), mais surtout celui du 53, rue Quincampoix à Paris (1983, avec Vincent Barré) apparaissent de ce point de vue comme des manifestes : sobriété des façades, refus du pittoresque, respect de l'alignement, tout concourt à la perpétuation du paysage par l'effacement de l'architecture. Cette discrétion ne relève pas pour autant du pastiche ; elle vise avant tout la continuité – Berger signe d'ailleurs plusieurs projets de réhabilitation. « L'enjeu du logement collectif pour la ville, écrit-il, est de privilégier, au-delà de l'usage, la figure de la « pièce » que constitue la rue. À cette fin, la forme architecturale doit donner lieu à la lisibilité du tracé urbain et de l'alignement sur l'espace public par des façades planes et par la réduction du signe architectural dans la frontalité, la disposition des baies et le silence d'un matériau... »

L'architecte procédera de manière semblable avec trois autres immeubles, 70, rue de la Mare à Paris, même si les légers redents qu'il ménage donnent paradoxalement à chacun une force proche de celle du monument. Sa réflexion sur la place et la signification du bâtiment prend d'ailleurs forme dans une recherche, menée avec Christian Eychène au sein de l'école d'architecture de Saint-Étienne, intitulée « Figures de la monumentalité », dans laquelle les auteurs traitent des notions d'antériorité, de transcendance, d'illusion ou encore de temps primordial. Il en est encore question au cimetière du Père-Lachaise à Paris, dont Patrick Berger réaménage, avec le paysagiste Gilles Clément, le secteur romantique (1992) soulignant son caractère inachevé tout en ajoutant quelques tombes « disséminées spatialement et programmées sur plusieurs années pour éviter l'effet de lotissement ».

Trois concours remportés à la fin des années 1980 contribuent à asseoir la notoriété de Patrick Berger : l'école d'architecture de Rennes, marquée par un long bâtiment courbe entièrement bardé de bois ; le parc André-Citroën à Paris, où il réalise en particulier les deux serres monumentales, l'ensemble du mobilier ainsi que les six rampes de pierre menant à des serres froides qui forment salons au nord, ces rampes composant des jardins sériels ; enfin le viaduc de la Bastille (devenu viaduc des Arts), qui suit l'avenue Daumesnil à Paris, et dont les arcades sont restaurées et les façades entièrement redessinées. Dans chacune de ces réalisations, les détails constructifs sont mis en œuvre avec un soin tel que l'architecte a paru, aux yeux de certains, céder à la tentation du maniérisme. Pour autant, ils confirment l'ambition de celui qui, dans tous ses projets, suggère un retour à l'origine, au caractère essentiel de l'architecture. Le travail de Berger est, en effet, d'ordre éthique et esthétique à la fois ; il s'attache à démontrer que l'architecture est un langage, et le monument un récit. Il en donne une nouvelle démonstration avec le monument situé à Nishiwaki (1994), au cœur du Japon, et formé de quatre colonnes encadrant des lignes de galets destinées à être remplacées au fur et à mesure que le mouvement tectonique fera se déplacer le centre géographique du pays.[...]

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Écrit par

  • : professeur, université de Picardie Jules-Verne

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