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DUPOND PATRICK (1959-2021)

Paris-Nancy-Paris

L’arrivée de Rudolf Noureev à la tête du Ballet de l’Opéra de Paris en 1983 affaiblit son statut privilégié. Noureev, qui veut propulser une nouvelle génération, crée cependant pour lui le rôle de Roméo dans Roméo et Juliette en 1984. À l’instar de Noureev ‒ avec Noureev & Friends ‒, Patrick Dupond met en place un groupe de danseurs de l’Opéra de Paris, Dupond et ses stars, qui sillonne le monde.

Frustré de ne pas danser suffisamment à l’Opéra, il accepte en 1988 la direction du Ballet français de Nancy. Il n’a alors que vingt-neuf ans. Durant trois saisons, il fait des tournées et commande des créations contemporaines au chorégraphe américain Ulysses Dove (Bad Blood en 1984, Faits et gesteset White Silence en 1988), aux Français Thierry Malandain (Les Illuminations en 1989) et Pierre Darde (Rouge poisson en 1989)…

Patrick Dupond revient à Paris pour succéder à Rudolf Noureev en février 1990, devenant ainsi à près de trente et un ans le plus jeune directeur du Ballet de l’Opéra de Paris après Serge Lifar (nommé à vingt-cinq ans). Il met en valeur le patrimoine de cette compagnie tout en l’ouvrant avec harmonie aux territoires contemporains. Pour assurer la continuité de la danse française, il passe commande à Odile Duboc (Retours de scène, 1992), Daniel Larrieu (Attentatpoétique, 1992), Roland Petit (Passacaille, Rythme de valses et Camera obscura, 1994) et Angelin Preljocaj (Le Parc, 1994). Il crée des passerelles symboliques en programmant en même temps la Giselle romantique (avec la chorégraphie originale de Jean Coralli et Jules Perrot) et la relecture contemporaine de ce ballet par le Suédois Mats Ek. Il affiche deux ballets de Nijinsky dans leur chorégraphie originale : son fameux Sacre du printemps en 1991 et Till Eulenspiegel en 1994. Parallèlement, il fait aussi entrer deux ballets de Bronislava Nijinska, la sœur de Nijinsky, à l’Opéra de Paris : Les Biches en 1991et Le Train bleul’année suivante.

Patrick Dupond s’intéresse également aux créateurs américains comme Twyla Tharp (Grand Pas et Push Comes to Shoveen 1991) et établit une relation durable avec Jerome Robbins qui remonte à Paris Glass Pieceset Dances at a Gatheringen 1991, The Concerten 1992, Moves en 1993… Sans oublier des ballets narratifs comme L’Histoire de Manon (1990) de Kenneth MacMillan, l’ultime création de Rudolf Noureev qu’est La Bayadère(1992) œuvre testamentairequi marque les esprits ‒ et un nouveau Casse-Noisette (1993) signé Neumeier.

Il nomme quatre danseurs étoiles (Marie-Claude Pietragalla en 1990, Nicolas Le Riche, Carole Arbo et Fanny Gaïda en 1993) et fait venir de nombreuses compagnies. Il emmène le Ballet de l’Opéra en tournée au Brésil, en Russie, au Japon, aux États-Unis ou en Asie du Sud-Est. Son mandat prend fin avec l’arrivée d’Hugues Gall à la direction de l’Opéra de Paris en 1995. Dupond devient alors danseur étoile invité. En 1997, il accepte d’être juré au festival du film de Cannes, alors qu’il devait assurer quelques répétitions à l’Opéra. Cela lui vaut d’être licencié par l’Opéra de Paris.

Les vingt années suivantes seront ponctuées de drames et de renaissances. Victime d’un grave accident de voiture en janvier 2000 ayant entraîné de nombreuses opérations chirurgicales, Patrick Dupond remonte pourtant sur scène neuf mois plus tard dans un spectacle chanté, L’Air de Paris. Il rencontre alors Leïla Da Rocha, danseuse orientale avec qui il va créer une école de danse et un spectacle en 2008, Fusion.

Patrick Dupond s’éteint le 5 mars 2021 à Mercin-et-Vaux, dans l’Aisne, des suites d'un cancer du poumon.

— Ariane DOLLFUS

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Patrick Dupond - crédits : Jack Mitchell/ Getty Images

Patrick Dupond