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WALDBERG PATRICK (1913-1985)

Excellent connaisseur de la peinture surréaliste, Patrick Waldberg. est né à Santa Monica (Californie) en 1913, il se présentait lui-même comme un « Américain de culture française ». À partir de 1932, à Paris, il rencontra la plupart des figures marquantes du mouvement surréaliste, mais sans s'associer lui-même aux activités de celui-ci. D'ailleurs, ses affinités le portaient plutôt du côté de Georges Bataille que de celui d'André Breton et, de 1938 à 1940, il fut secrétaire du Collège de sociologie. Gagnant les États-Unis après la défaite de 1940, il y retrouva les surréalistes, participant dès lors à la vie du groupe. On affirme que c'est lui qui réussit à convaincre alors Breton de participer comme speaker aux émissions de La Voix de l'Amérique à destination de la France. Lors du débarquement en Normandie, il fait partie des services de renseignement de l'armée américaine. Pour cette raison, on lui prête une certaine influence occulte dans les événements qui devaient entraîner, en 1948, la scission de la C.G.T. et l'apparition de Force ouvrière. En 1951, il est mêlé à un conflit interne au surréalisme, l'« affaire Carrouges », dite aussi « affaire Pastoureau », à la suite duquel il s'éloigne définitivement du groupe surréaliste. Aussi, lorsque, en 1964, il organise à la galerie Charpentier une exposition consacrée au surréalisme, suscite-t-il le désaveu personnel de Breton comme celui du groupe, qui s'exprime à la fois par une déclaration collective, Face aux liquidateurs, et par une brochure, Cramponnez-vous à la table (Petite Suite surréaliste à l'affaire du Bazar Charpentier). En 1972, au musée des Arts décoratifs, Waldberg organisera une autre exposition, Le Surréalisme 1922-1942, qui n'entraînera cette fois aucune réaction : Breton est mort depuis six ans. Poète (Sur le bord) et chroniqueur de la vie parisienne (Promenoir de Paris), c'est essentiellement comme critique d'art que Patrick Waldberg s'est imposé, tout d'abord dans de nombreux articles consacrés à des artistes du surréalisme ou de ses « environs » immédiats, articles parmi lesquels il convient de signaler Matta, l'aube, le vertige (1958) et Hans Bellmer, ou l'Écorcheur écorché (1963). À deux reprises, il avait réuni ces articles, d'abord sous le titre Mains et merveilles (Mercure de France, Paris, 1961), puis sous celui de Les Demeures d'Hypnos (La Différence, Paris, 1976, avec une Préface de Pierre Klossowski). Auteur de plusieurs monographies, consacrées par exemple à Carlo Guarienti, à Félix Labisse, à Marino Marini, à Taro Okamoto, il sut concilier à cette occasion son talent de chroniqueur et celui de critique d'art, rendant ainsi une vie d'artiste aussi passionnante qu'un roman d'aventures. Les trois plus remarquables à cet égard sont Max Ernst (Pauvert, Paris, 1958), René Magritte (De Rache, Bruxelles, 1965) et Yves Tanguy (ibid., 1978). Le surréalisme lui inspira aussi deux études d'ensemble, Le Surréalisme (Skira, Genève, 1962) et Chemins du surréalisme (La Connaissance, Bruxelles, 1965). Dans le premier de ces deux ouvrages, il écrivait, réalisant ainsi la synthèse des deux influences majeures qu'il avait subies : « On pourrait tenir André Breton et Georges Bataille pour deux pôles de l'esprit surréaliste, tel qu'il s'est manifesté jusqu'à présent. Breton, rêvant de palais enchantés construits « à flanc d'abîme, en pierre philosophale », est accueillant à l'utopie, au « paradis sur terre », à la notion fouriériste d'harmonie, tandis que Bataille, surréaliste noir, de catastrophe, s'exalte dans un mysticisme de l'inespoir, où la conscience de l'absurdité humaine est la source d'une joie hilare. » Mais le livre le plus incisif de Patrick Waldberg, celui où il est parvenu à tirer le meilleur parti de son sens[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche au C.N.R.S., docteur ès lettres

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