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PATRIMOINE CULTUREL ET CONFLITS ARMÉS

La Seconde Guerre mondiale et les exactions à grande échelle contre les biens culturels

Les crimes commis durant la Seconde Guerre mondiale n’ont en rien épargné les biens culturels. Les exemples à citer seraient trop nombreux ; on retiendra autant les exactions dues à la mise en place, sous le régime nazi, d’un système organisé de spoliation que les destructions issues des affrontements et des bombardements de la guerre.

<em>Vierge à l’enfant dans un paysage</em>, L. Cranach l’Ancien - crédits : Francis G. Mayer/ Corbis Historical/ VCG/ Getty Images

Vierge à l’enfant dans un paysage, L. Cranach l’Ancien

Sur le premier point, on relèvera, entre autres, qu’ au printemps de 1940 des services nazis de confiscation ont été spécialement mis en place et organisés pour piller des milliers d’œuvres sur ordre des dignitaires nazis. Les grandes collections nationales furent menacées et parfois pillées. Dans le cas de la France, elles doivent leur préservation à l’action remarquable de figures comme Jacques Jaujard, directeur des musées nationaux de 1940 à 1944, et à ses équipes qui s’efforcèrent d’évacuer et de cacher l’ensemble des œuvres en lieu sûr. Les collections privées de renom furent très directement touchées et une spoliation à grande échelle fut organisée, à l’encontre notamment des collections des marchands d’art Paul Rosenberg et Bernheim-Jeune, des banquiers David-Weill et Rothschild. Là encore, une partie de ces œuvres purent être retrouvées grâce au travail d’identification conduit en toute clandestinité par Rose Valland, alors attachée de conservation au musée du Jeu de Paume.

Dresde en 1945 - crédits : Collection Dagli Orti/ Mondadori Portfolio/ Picture Desk

Dresde en 1945

Sur le second point, la guerre elle-même causa nombre de dommages ou de destructions de sites archéologiques ou monumentaux, ainsi que de musées : par exemple, la dégradation de la salle des Nymphéas de Claude Monet au musée de l’Orangerie à Paris. Sans doute, le bombardement de Dresde qui eut lieu du 13 au 15 février 1945 marque, à cet égard, bien des mémoires. Fut ainsi détruite à plus de 80 p. 100 une des villes allemandes les plus éblouissantes pour son histoire et son patrimoine. En deux jours, plus de 1 000 bombardiers larguèrent quelque 3 900 tonnes de bombes qui firent au moins 25 000 victimes parmi les 630 000 habitants qu’abritait la ville.

Cette période met en lumière des exactions à une échelle si considérable qu’il fallut en tirer des conséquences pour l’avenir une fois la paix revenue et une fois initiée la réflexion visant à mettre en place un « nouvel ordre mondial », symbolisé par la création des Nations unies. Cette prise de conscience conduisit les belligérants à intégrer de nouvelles garanties pour la protection du patrimoine culturel, non seulement dans les différents traités de paix (aspects curatifs), mais aussi en engageant une réflexion sur la création d’un vecteur juridique international qui puisse être préventif grâce à la fixation a priori de règles de droit partagées par tous en cas de conflits à venir.

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<em>Vierge à l’enfant dans un paysage</em>, L. Cranach l’Ancien - crédits : Francis G. Mayer/ Corbis Historical/ VCG/ Getty Images

Vierge à l’enfant dans un paysage, L. Cranach l’Ancien

Dresde en 1945 - crédits : Collection Dagli Orti/ Mondadori Portfolio/ Picture Desk

Dresde en 1945

Signe distinctif de la Convention pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé - crédits : Encyclopædia Universalis France

Signe distinctif de la Convention pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé