- 1. Création d’un droit culturel international pour la protection du patrimoine en cas de conflit armé
- 2. La Seconde Guerre mondiale et les exactions à grande échelle contre les biens culturels
- 3. La Convention de La Haye de 1954
- 4. Exemples de conflits armés et d’efforts de protection du patrimoine dans les zones de guerre
- 5. Bibliographie
PATRIMOINE CULTUREL ET CONFLITS ARMÉS
Exemples de conflits armés et d’efforts de protection du patrimoine dans les zones de guerre
Lors des conflits armés au Cambodge, la République khmère demande à l’U.N.E.S.C.O., dès le 31 mars 1972 l’inscription des ensembles monumentaux d'Angkor et de Roluos, tout comme des sanctuaires de Pnom-Bok et de Pnom-Krom. Le climat de paralysie propre à la guerre froide empêcha son aboutissement au niveau des procédures intergouvernementales. Dès lors, ces monuments furent sacrifiés aux considérations de la politique internationale.
S’agissant du conflit Iran-Irak (1980-1988), les gouvernements respectifs se sont estimés liés par les stipulations de la Convention de La Haye et se sont ensuite engagés à examiner rapidement la possibilité de mettre en œuvre la procédure de désignation des commissaires généraux aux biens culturels.
Lors de la guerre du Golfe en 1991, immédiatement après l'occupation du Koweït par l’Irak, des collections koweïtiennes, comme la collection « Al Sabah », furent transportées par les Irakiens à Bagdad à titre préventif pour les protéger des bombardements. Immédiatement après la guerre, plus de 25 000 objets provenant du Musée national du Koweït et du Musée islamique furent remis par l'Irak aux représentants koweïtiens, sous la supervision du Groupe des Nations unies pour la restitution des biens (U.N.R.O.P.), qui conduisit une procédure d'inspection et d'évaluation des dommages. Si des dommages ont bien sûr été commis, l’opération Tempête du désert a pu être présentée comme exemplaire dans la mesure où l’armée américaine a porté une attention particulière à ses objectifs militaires tout en s’assurant de la protection des biens culturels susceptibles d’être endommagés par la guerre.
Pour la guerre d’Irak (2003), le manuel militaire des forces armées américaines se référait directement au Règlement de La Haye et au Pacte Roerich, même si les États-Unis n’étaient pas encore partie contractante à la Convention de 1954 qu’ils ont ratifiée en 2009. Le Conseil de sécurité a adopté la résolution no 1483 du 22 mai 2003 concernant la protection du patrimoine irakien et interdisant le commerce international de biens culturels irakiens illégalement déplacés, et la résolution no 1546 du 8 juin 2004 sur l'importance du respect et de la protection du patrimoine archéologique, historique, culturel et religieux de l'Irak. En sus des organisations internationales (U.N.E.S.C.O., Interpol…) et des agences nationales (F.B.I., carabinieri italiens…), nombre d’O.N.G. se sont mobilisées pour apporter de l'aide.
La guerre en ex-Yougoslavie
La guerre de l'ex-Yougoslavie (1991-2001) marqua un nouveau tournant. La destruction systématique du patrimoine de l'adversaire faisait alors partie de la stratégie des belligérants. Les monuments signalisés par le bouclier bleu furent pris pour cible au lieu d’être protégés, afin d’atteindre l’identité même des opposants et de détruire la vie communautaire et religieuse des habitants. Les bombardements du pont de Mostar et de la ville de Dubrovnik (Croatie), pourtant inscrite sur la Liste du patrimoine mondial de l'humanité, sont devenus, depuis lors, des symboles de sites martyrs.
Une nouvelle étape dans la protection fut alors franchie avec la judiciarisation des forfaits commis une fois la guerre terminée. Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie vit son mandat élargi aux biens culturels et put intégrer des critères culturels aux fins de considérer les attentats au patrimoine comme des crimes de guerre. Aux termes de l'article 8 de son statut, « […] le fait de diriger intentionnellement des attaques contre des bâtiments consacrés à la religion, à l'enseignement, à l'art, à la science ou à l'action caritative, des monuments historiques, des hôpitaux et des lieux où des malades et des blessés sont[...]
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Écrit par
- Julien ANFRUNS : membre du Conseil d'État
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Médias