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PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL

Introduite en 2003 par la convention de l’UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, la notion de patrimoine culturel immatériel, souvent abrégée en PCI, élargit le périmètre traditionnel du patrimoine pour y inclure rituels, jeux, savoir-faire artisanaux, espaces de sociabilité, pratiques alimentaires ou arts du spectacle. Ce concept a rapidement été assimilé par le langage des institutions du patrimoine, des associations et des activistes des droits culturels comme par les acteurs politiques locaux ou nationaux partout dans le monde. Les listes du patrimoine culturel immatériel de l’humanité établies par la convention ont en effet contribué à la fortune de cette notion à l’échelle mondiale et ont accentué la notoriété des éléments inscrits.

Prétentions universelles, inscription locale

Les anthropologues qui ont étudié les effets locaux de ces inscriptions ont observé la portée homogénéisante de ce dispositif. Effectivement, pour obtenir l’inscription sur ces listes, il a été nécessaire de penser et de représenter les pratiques culturelles candidates en cohérence avec les critères établis par la communauté internationale. Ainsi, un même format a été utilisé pour présenter la cérémonie de purification des garçons chez les Lango du centre-nord de l’Ouganda, les fêtes du feu du solstice d'été dans les Pyrénées, l’art traditionnel du tissage du tapis azerbaïdjanais, la fête de la Virgen de la Candelariade Puno au Pérou et le théâtre d’ombres chinoises, pour ne citer que quelques exemples. Ce dispositif risque alors de valoriser comme reflet de la diversité culturelle un corpus de pratiques culturelles sélectionnées en fonction de leur adéquation avec des critères uniformes, sans toutefois favoriser la diversité des modes de production des représentations culturelles et de définition de la transmission.

Le caractère homogénéisant de ce dispositif est toutefois nuancé par les tensions entre les prétentions universelles d’un standard international et les différents contextes institutionnels et législatifs de sa mise en œuvre. Les traductions et accommodements multiples de la norme internationale issus de ces frictions sont spécifiques à chaque conteste. Ces négociations inscrivent ainsi localement la notion de PCI, tout en suscitant des controverses d’envergure qui font du patrimoine culturel immatériel un champ toujours instable, contesté et constamment renégocié par les acteurs institutionnels, sociaux et scientifiques

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