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PATRIMOINE INDUSTRIEL AUX ÉTATS-UNIS

Le temps du transport continental de masse

Pont de Brooklyn achevé - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Pont de Brooklyn achevé

La conquête intérieure du pays a suscité un prodigieux effort de construction de moyens de transport, que symbolise assez bien la promotion au premier rang des landmarks (monuments historiques) de l'industrie américaine de Brooklyn Bridge, à New York, sur l'East River – le chef-d'œuvre des ingénieurs Roebling père et fils –, mais tout autant la prolifération des truss bridges, ces ponts de charpentes métalliques à traverses entrecroisées qui ont porté la route et le chemin de fer par-dessus tant de fleuves redoutables ; menacés par la nécessaire politique de reconstruction des ouvrages d'art, ils suscitent presque constamment des mouvements de défense. Plus encore qu'aux innombrables voies de chemin de fer abandonnées, qui fournissent, sous une végétation qui a repris ses droits, autant de pistes de découverte aux promeneurs aventureux, les amateurs américains d'archéologie industrielle portent une attention amoureuse aux canaux et à leurs écluses, notamment aux plus anciens : le canal de l'Hudson à l'Érié, ou celui de la Delaware à l'Hudson, tous deux antérieurs à 1830 et dus à l'ingénieur Benjamin Wright. Mais aussi intérêt porté aux Grands Lacs, à leurs ports et aux innovations techniques suscitées par la manipulation ou le stockage des produits pondéreux : c'est ainsi qu'à Buffalo, au début des années 1950, avant l'ouverture de la voie maritime du Saint-Laurent en 1958, il y avait cinquante elevators en fonctionnement (quatre seulement vers 1985), ou encore aux immenses entrepôts (warehouses) dont les dimensions, la solidité de construction et souvent l'architecture soignée préviennent la démolition : Cleveland a son Warehouse Historic District, et la somptueuse rénovation de la zone portuaire de Baltimore prend maintenant en compte la restauration et la réaffectation des entrepôts de la compagnie de chemins de fer Baltimore and Ohio, l'une des pionnières du franchissement des Appalaches.

Pourtant dans le domaine de l'archéologie des transports c'est la gare, on le sait, qui l'emporte toujours par l'audace de ses volumes et par son poids affectif. Et les États-Unis ont fini par s'apercevoir qu'ils en avaient de superbes, le sujet ayant inspiré la mégalomanie des architectes. Certes, la destruction de Pennsylvania Station dans Manhattan a provoqué un choc ; l'heure est heureusement venue depuis lors des restaurations, entreprises aussi bien à Grand Central Station, 42e rue, qu'à Washington Union Station ou à Philadelphie. Mais on peut toujours trembler à l'idée de ce qui pourrait arriver à la remarquable gare gratte-ciel de Detroit, désaffectée, dont la silhouette domine tout un secteur d'une ville où la vie paraît hésiter à renaître.

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Écrit par

  • : directeur d'études honoraire à l'École des hautes études en sciences sociales

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Média

Pont de Brooklyn achevé - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Pont de Brooklyn achevé