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PATRIMOINE INDUSTRIEL AUX ÉTATS-UNIS

Patrimoine industriel et société

Dès à présent se multiplient des sites de culture industrielle à la fois éducatifs et récréatifs, sur lesquels une forme de patrimoine apparemment déshéritée bénéficiera du même traitement de faveur que les hauts lieux de la mémoire de l'histoire politique – on pense, bien sûr, à Williamsburg (Virginie). Mais cette démarche n'est guère plus aisée aux États-Unis qu'ailleurs. Le succès ne repose pas sur des interventions massives du pouvoir fédéral, sauf exception, ni même immédiatement des États. Il germe à partir d'une multiplicité d'initiatives individuelles et associatives qui, avec patience et acharnement, mobilisent des opinions locales, collectent de l'argent et des collaborations, recherchent des sponsors, persuadent pouvoirs et administrations. Les réussites s'additionnent les unes aux autres moins dans le cadre d'un plan d'ensemble, qui n'a presque jamais existé, que dans celui de montages juridiques et financiers dont chacun est un chef-d'œuvre original. Toutefois, la Society for Industrial Archeology, vieille d'un quart de siècle, constitue désormais un levier d'une puissance certaine. Les actions de sauvetage et de valorisation reçoivent souvent l'appui de la Smithsonian Institution de Washington, l'approbation et le soutien du National Endowment for the Humanities, le concours de grands musées techniques comme le Henry Ford Museum de Dearborne. La Society for Industrial Archeology peut compter sur le réseau de ses chapters, comités dont un ou plusieurs existent par État, eux-mêmes reliés aux associations historiques locales.

Est-ce suffisant, cependant, pour garantir la reprise d'un contrôle culturel sur un patrimoine industriel qui, entre Atlantique et Grands Lacs, est à ce point omniprésent, diversifié ou volumineux ?

L'environnement économique pèse lourdement sur tout projet : il faut que capitaux, promoteurs ou sponsors soient au rendez-vous ; mais l'attitude des autorités chargées du « redéveloppement » urbain, soucieuses avant tout de changer l'image de la ville, est également décisive. Comme le montrent les exemples de Pittsburgh, de Buffalo ou de Detroit, la préoccupation de rétablir une image plus prestigieuse à travers la construction de waterfronts d'une architecture soignée, ou de réintroduire la qualité de la vie au moyen de la verdure, entre inévitablement en conflit avec la sauvegarde de la mémoire de l'industrie.

— Louis BERGERON

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Écrit par

  • : directeur d'études honoraire à l'École des hautes études en sciences sociales

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Média

Pont de Brooklyn achevé - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Pont de Brooklyn achevé