PATRIMOINE INDUSTRIEL EN GRANDE-BRETAGNE
La préservation entre le naufrage et le succès
On peut dire que le désastre, en matière de bâtiments industriels, a été à la mesure de l'étendue du patrimoine. Oldham, qui, en 1918, regroupait le tiers de la capacité de filature de colon du Lancashire, répartie entre trois cent vingt usines, en a vu détruire près de deux cents entre 1926 et 1976. Entre 1950 et 1967, la région du travail de la laine qui, au demeurant, a mieux résisté économiquement, a cependant vu fermer plus de trois cents usines, dont la majeure partie a été démolie. On a déjà évoqué le cas du jute à Dundee. Il faut y ajouter l'industrie sinistrée de Burton-on-Trent, capitale de la brasserie anglaise au xixe siècle (104 malteries en 1870), qui a perdu la presque totalité de cet héritage, notamment les Shobnall Maltings, le plus grand établissement du genre en Grande-Bretagne. Parmi les édifices qui restent debout tout en se dégradant plus ou moins vite, et qui couvrent quelque vingt millions de mètres carrés, tous n'ont pas la chance de trouver une réaffectation : ainsi les Manningham Mills de Bradford, qui dominent la ville de leur masse imposante, ou l'usine de Titus Salt à Saltaire (la ville modèle à laquelle il a donné son nom) ; ou encore l'extraordinaire palais-usine de Bliss Tweed (Oxfordshire).
Cependant, de grandes réussites sont à signaler, comme celle de la reconversion des Dean Clough Mills à Halifax (West Riding) : une énorme manufacture de tapis datant du milieu du xixe siècle, fondée par la dynastie industrielle des Crossley, fermée en 1983, qu'un programme dû à Ernest Hall a permis de rouvrir à l'activité économique ; cas particulièrement rare et heureux, elle accueille deux cents petites entreprises qui ont relancé les affaires dans la région. Ou comme l'action menée dans le Gloucestershire par le Stroud Valley Council, qui a tenu le pari de sauver un ensemble de filatures lainières, installant ses propres services pour couronner l'opération dans la plus belle d'entre elles, Ebley Mills, sur un site qui possédait un moulin à foulons dès 1469.
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Écrit par
- Louis BERGERON : directeur d'études honoraire à l'École des hautes études en sciences sociales
Classification
Média