- 1. Les caractères spécifiques d'un patrimoine
- 2. Mines et métallurgie
- 3. L'énergie hydraulique et hydroélectrique, un fantastique facteur d'entraînement industriel
- 4. Les industries de consommation : du textile à la bière
- 5. Le patrimoine des moyens de transport
- 6. Culture industrielle et société en Scandinavie
- 7. Bibliographie
PATRIMOINE INDUSTRIEL EN SCANDINAVIE
Le patrimoine des moyens de transport
Une des originalités archéologiques du Danemark est d'avoir protégé une quarantaine de gares, à la suite d'un inventaire mené par les chemins de fer eux-mêmes, inventaire dont à vrai dire les critères sont essentiellement stylistiques. Mais, bien sûr, l'originalité physique des trois pays passés ici en revue est d'être des pays de côtes, de fjords et d'îles : l'unité des communications y dépend donc avant tout de ponts et de ferries. L'un de ceux-ci, le Zealand, construit en 1951, a été en 1988 transformé en musée et restaurant stationné dans le port de Copenhague. Enfin et surtout, l'héritage historique de la Hanse et des compagnies de commerce et de navigation qui lui succédèrent amène à s'interroger sur le destin des patrimoines portuaires en général.
En Norvège, le port de Bergen, grand centre de pêcheries, a dû au charme unique de ses maisons de bois peintes de couleurs vives et amoureusement entretenues d'être inscrit en 1979 sur la liste du patrimoine mondial de l'U.N.E.S.C.O. à des titres qui ne sont pas industriels. À Copenhague, en revanche, comme antérieurement à Londres ou à Liverpool, se pose dans toute son ampleur le problème de la nouvelle révolution des transports maritimes et de l'avenir des industries portuaires, qui est un problème mondial. La généralisation du transport maritime par containers, le déménagement d'entreprises industrielles et notamment des chantiers navals à la recherche d'espaces plus adaptés loin de la ville (quand il ne s'agit pas de leur disparition) ont un peu partout condamné purement et simplement à mort le cœur ancien des ports, leur outillage d'accueil des bateaux, de manutention des marchandises, et leurs majestueux entrepôts. Ainsi Copenhague a-t-elle perdu certains de ses rôles au profit de Korsør ou de Frederikshaven. Dès les années 1970, un certain nombre de bâtiments particulièrement anciens (milieu et fin du xviiie siècle) ont été protégés (chantiers navals, docks) ; des entrepôts aux superbes architectures extérieures et aux monumentales charpentes de bois offrent des espaces incomparables aux fins d'hôtels, d'appartements et surtout de centres d'expositions ou de conférences. Mais les parties les plus récentes du patrimoine portuaire ont beaucoup plus souffert : entrepôts de la fin du xixe siècle ; usines de la période de l'entre-deux-guerres, telle l'usine Burmeister de moteurs Diesel (1923-1924), d'un style rappelant celui de l'usine A.E.G. de Peter Behrens à Berlin. Symbole de l'entrée du Danemark dans la compétition technologique internationale, l'usine Burmeister a été démolie en 1991 malgré une campagne énergique en sa faveur — ou encore, de la même date, l'usine d'assemblage construite par Albert Kahn pour Ford. De vastes projets muséologiques n'ont pas abouti jusqu'ici. Le nouveau waterfront de Copenhague est donc encore en question.
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Écrit par
- Louis BERGERON : directeur d'études honoraire à l'École des hautes études en sciences sociales
Classification
Médias