PATRIMOINE MINIER EN EUROPE
Complexité du patrimoine minier
Il est devenu banal d'évoquer ces signaux majeurs et omniprésents de l'activité minière que sont les chevalements et les terrils, modificateurs de la ligne d'horizon et créateurs d'un paysage artificiel par excellence. Ils sont cependant loin de résumer l'ensemble des témoignages matériels de l'identité d'un bassin industriel et de ses habitants. Un tel patrimoine est constitué de signes techniques aussi bien que d'édifices hétérogènes, qui renvoient à l'histoire d'un processus de production et des conditions de travail, à celle des conditions de vie de populations ouvrières pour lesquelles la règle fut le groupement en ensembles résidentiels associés dans une étroite proximité aux lieux du travail. Après l'arrêt de l'exploitation, tout ce qui touche à l'extraction en profondeur se trouve, sauf rares exceptions, définitivement neutralisé pour des raisons de consolidation des terrains et de sécurité des personnes. En surface, ce qui concernait précisément l'extraction n'est plus qu'une sorte de signalétique plus ou moins expressive, permettant d'identifier les sièges d'exploitation. S'y ajoutent les bâtiments abritant la « recette » des produits remontés du fond, le lavage et le calibrage des charbons, le broyage ou la décantation des minerais, etc., bâtiments qui peuvent atteindre un très grand volume sur plusieurs étages, les locaux nécessaires à l'accueil et à la préparation vestimentaire des personnels, les bâtiments d'administration, ceux destinés à la fourniture d'énergie – électricité ou air comprimé. Une partie d'entre eux revêt souvent un caractère architectural, expressément inspiré par la volonté des compagnies propriétaires ; d'autres paraissent hermétiques à une interprétation immédiate parce que la forme en a été strictement adaptée à la fonction technique.
L'ensemble de ces installations s'ordonne sur des surfaces considérables, les unités de production s'étant au cours des temps multipliées selon les nécessités dictées par la disposition des ressources du sous-sol, déterminant ainsi l'apparition d'un paysage caractéristique de régions entières. Ces unités de production ont, à leur tour, engendré des cités ouvrières : les grands sites miniers partagent avec les grands sites sidérurgiques la particularité d'avoir accumulé un patrimoine immobilier non industriel dont le poids est considérable.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Louis BERGERON : directeur d'études honoraire à l'École des hautes études en sciences sociales
Classification
Autres références
-
ÉCOMUSÉES INDUSTRIELS
- Écrit par Louis BERGERON
- 2 509 mots
En Europe la dernière décennie du xxe siècle a vu le succès de l'opération menée sur près d'un millier de km2 au cœur de la Ruhr : celle de l'Emscher Park (du nom de l'un des cours d'eau les plus pollués de l'histoire industrielle, axe de cette fameuse zone minière et métallurgique)....