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PATRIMOINE PORTUAIRE EN EUROPE

Port de Hambourg - crédits : Nikada/ Getty Images

Port de Hambourg

De profondes et rapides mutations ont affecté dans la seconde moitié du xxe siècle de nombreux secteurs de la vie des nations – dans le domaine de la technologie, de l'économie, de la division mondiale du travail, mais aussi dans celui des relations internationales, qu'il s'agisse de commerce ou de stratégie. Elles ont abouti à l'émergence d'une masse impressionnante de lieux et d'outils de production ou de transport en tant que candidats à une reconnaissance de leur valeur patrimoniale après leur entrée dans l'obsolescence. Les installations des grands ports maritimes en bord de mer, sur les estuaires ou parfois loin à l'intérieur des terres jouent leur partie dans cette inflation et cette diversification des catégories du patrimoine de l'humanité.

Un véritable patrimoine industriel

Le port de commerce maritime et fluvial est un extraordinaire instrument de manipulation de biens matériels de toute nature (de transit de passagers aussi, bien sûr) qui est né à l'extrême fin du xviiie siècle et qui a proliféré au cours du xixe et encore au début du xxe siècle : mais cette manipulation massive a subi l'impulsion de la révolution industrielle, qui venait amplifier considérablement l'essor du commerce inter-océanique et intercontinental né des grandes découvertes et de la construction des empires coloniaux. Par sa dépendance étroite à l'égard des besoins industriels de l'Europe moderne, notamment, par le caractère industriel des technologies liées au fonctionnement portuaire, par l'agglutination fréquente des industries de transformation à proximité immédiate des ports, par toutes sortes de ressemblances qui rapprochent le paysage portuaire du paysage industriel, le patrimoine portuaire qui s'est ainsi constitué est pleinement un patrimoine industriel.

Port de Monte-Carlo - crédits : Education Images/ UIG/ Getty Images

Port de Monte-Carlo

Pourtant les classifications se heurtent autour d'une telle définition. Les architectes – ceux des monuments comme ceux des paysages, les urbanistes et planificateurs, sont en effet ardents à s'emparer du sujet... et surtout des lieux. Toute zone portuaire a toujours été le débouché – ou la zone tampon – d'un organisme urbain par rapport à la mer, et cette relation ville-port a revêtu des aspects complexes et divers selon les cas. La mort d'une zone portuaire ouvre la possibilité d'établir une relation différente entre la ville et son bord de mer, et crée la tentation d'une conquête et d'un remodelage des waterfronts selon des critères esthétiques ou sociaux qui risquent de rejeter dans l'oubli toute référence à un passé d'outil glorieux d'une prospérité marchande et industrielle. Contre une telle tendance, il faut insister sur l'importance culturelle de la sauvegarde de certains aspects au moins de l'héritage technique, économique et social d'une histoire urbaine d'un type particulier, et de défendre la visibilité d'une continuité historique contre la course à l'immobilier de luxe avec vue sur la mer, le fleuve et les bassins pour bateaux de plaisance.

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Écrit par

  • : directeur d'études honoraire à l'École des hautes études en sciences sociales

Classification

Autres références

  • PATRIMOINE INDUSTRIEL EN SCANDINAVIE

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    ...de gares, à la suite d'un inventaire mené par les chemins de fer eux-mêmes, inventaire dont à vrai dire les critères sont essentiellement stylistiques. Mais, bien sûr, l'originalité physique des trois pays passés ici en revue est d'être des pays de côtes, de fjords et d'îles : l'unité des communications...