BERG PAUL (1926-2023)
Le biologiste moléculaire américain Paul Berg est surtout connu pour ses travaux fondateurs sur l’ADN recombinant, qui lui ont valu le prix Nobel de chimie en 1980, avec Walter Gilbert et Frederick Sanger.
Paul Berg est lé le 30 juin 1926 à Brooklyn (New York) dans une famille juive russe émigrée aux États-Unis. Son père était tailleur. Il obtient un diplôme de bachelor en biochimie (1948) à la Pennsylvania State College (auj. Pennylvania State university) et un doctorat en biochimie (1952) à la Western Reserve University (auj. Case Western University) à Cleveland (Ohio). Il effectue ensuite un stage à l'institut de cytophysiologie à Copenhague, et un autre dans le département de microbiologie de l'université de Washington à Saint Louis ; il y restera, comme assistant puis comme professeur associé, de 1955 jusqu'en 1959. Il est ensuite nommé professeur de biochimie à l’école de médecine de Stanford (Californie) tout en étant directeur du Beckman Center for Molecular and Genetic and Medicine, également à Stanford, jusqu’en 2000.
Au cours de ses premières années de chercheur, Paul Berg a travaillé sur le métabolisme intermédiaire. Il obtient des résultats importants dans l'étude du mécanisme de la biosynthèse de l'acétyl-coenzyme A, intermédiaire qui intervient dans la biosynthèse des acides gras et dans le métabolisme des groupements méthyles. Il contribue, vers la fin des années 1960, à l’étude des ARN (acide ribonucléique) de transfert, indispensables à la traduction des acides nucléiques en protéines. Surtout, utilisant brillamment les enzymes de restriction et sa connaissance de l’enzymologie de l’ADN, il met au point, en 1972, une méthode qui permet d'introduire une séquence d’ADN étranger dans le génome du virus simien SV40. Il crée alors le premier ADN recombinant, pour ainsi dire le premier organisme génétiquement modifié.
C’est pour ce travail fondamental qu’il reçoit le prix Nobel de chimie en 1980. En effet, tout le génie génétique qui domine l’ensemble de la biologie se développe à partir de cette expérience princeps. Néanmoins, ces manipulations génétiques peuvent être potentiellement dangereuses, car de nouveaux organismes pathogènes pourraient ainsi être préparés. Berg a été un des premiers chercheurs à se préoccuper de ce risque. Il fait partie des biochimistes à l'origine du moratoire dit « d’Asilomar » (conférence d’Asilomar, 1975) sur ce type d'expériences – moratoire qui a été levé après l'établissement de règles de sécurité stricte en 1976.
Il a poursuivi le développement des techniques de manipulation de l’ADN et les a en particulier appliquées à ses propres travaux sur les chromosomes viraux.
À sa retraite, en 2000, Paul Berg se retire de ses fonctions d’administration et d’enseignement, cesse progressivement son travail de chercheur pour s’intéresser aux politiques publiques relatives à l’ADN recombinant et aux cellules souches. On lui doit également, en 2003, une biographie du généticien américain George W. Beadle (1903-1989), inventeur de la génétique physiologique dans les années 1930.
Paul Berg est décédé le 15 février 2023 à Sandford (Californie).
Bibliographie
P. Berg& M. Singer, George Beadle, an Uncommon Farmer: The Emergence of Genetics in the 20th Century, Cold Spring Harbor Laboratory Press, 2003
D. A. Jackson, R. H. Symons& P. Berg, « MINGICMCLPGGO »,in Proceedings of the National Academy of Sciences of the USA, 69(10):2904-9, oct. 1972.
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Écrit par
- Georges BRAM : professeur à l'université de Paris-Sud-XI-Orsay
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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