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BLEY PAUL (1932-2016)

Le free jazz est souvent identifié aux débordements d'une violence sonore incontrôlée. Il peut aussi s'incarner, de manière inattendue, dans une liberté poétique qui s'exprime à mi-voix et s'ouvre à la méditation. Telle fut la voie singulière choisie par le pianiste, synthétisiste et compositeur canadien Paul Bley.

Paul Hyman Bley naît à Montréal le 10 novembre 1932. Il commence très jeune à travailler le violon ; dès l'âge de huit ans, il entame l'étude du piano. Il obtient à onze ans son diplôme de fin d'études au McGill Conservatorium of Music de sa ville natale. En 1945, il commence à se produire – en soliste ou comme chef d'orchestre – dans des hôtels et des clubs de sa ville natale ; admirateur d'Oscar Peterson, il lui succède en 1949 à l'Alberta Lounge de Montréal, après le départ du grand pianiste canadien pour les États-Unis. En 1950, Paul Bley s'établit à New York et s'inscrit à la prestigieuse Juilliard School of Music, où il va étudier la composition et la direction d'orchestre. Pendant cette période d'apprentissage, il se produit en freelance au sein de groupes qui sont dirigés par des musiciens de la stature de Charlie Parker, de Sonny Rollins ou de Ben Webster. En 1952, il est un des fondateurs du Jazz Workshop, une association qui présente à Montréal des concerts de solistes américains accompagnés de musiciens locaux ; c'est le Jazz Workshop qui organise notamment la prestation du sextette de Charlie Parker dans les studios de télévision de la CBC de Montréal le 5 février 1953 – Paul Bley est au piano – et celle du quintette de Bird au club Chez Parée de Montréal, le 7 février 1953. Il enregistre en novembre 1953 son premier disque comme leader, Introducing Paul Bley ; il y est soutenu par la contrebasse de Charlie Mingus et la batterie d'Art Blakey.

En Californie, où il séjourne fréquemment entre 1955 et 1958, il joue avec Lester Young et Chet Baker mais fréquente aussi les tenants d'un free jazz encore adolescent. En 1957, Paul Bley épouse une jeune compositrice, chanteuse et multi-instrumentiste américaine nommée Carla Borg, dont il va diffuser et enregistrer les délicates miniatures free. Au Hillcrest Club de Los Angeles, il dirige un combo qui comportera comme sidemen le saxophone alto Ornette Coleman (1958), le trompettiste Don Cherry (1958), le contrebassiste Charlie Haden (1957-1959), les batteurs Lennie McBrowne (1957-1958) et Billy Higgins (1958-1959), le vibraphoniste Dave Pike (1957-1958). En 1959, il regagne New York, où il se produit et enregistre avec des groupes dirigés par Charlie Mingus, George Russell, Don Ellis... Au Five Spot Café, il côtoie Roland Kirk, Oliver Nelson et Jimmy Giuffre. Il participe en 1960 aux séances d'enregistrement de Jazz in the Space Age de George Russell, où il dialogue avec Bill Evans.

Au côté de Steve Swallow à la contrebasse, il appartient en 1961 et 1962 au trio du clarinettiste Jimmy Giuffre, trio original puisque dépourvu de batteur. L'ensemble, qui se dissoudra en 1962, pratique un style véritablement nouveau : une improvisation libre de tout schéma harmonique préétabli qui se nourrit de l'équilibre des voix et de l'écoute mutuelle. Il croise le bassiste Gary Peacock dans un autre trio avant-gardiste, celui de Don Ellis (1962). Il enregistre avec ses propres trios piano-contrebasse-batterie, avec Swallow et Barry Altschul (1962), puis Peacock et Paul Motian (1963-1964). En 1963, il retrouve Sonny Rollins au Village Vanguard de New York et lui donne la réplique dans le célèbre enregistrement réalisé à l'instigation de Coleman Hawkins, Sonny Meets Hawk. En 1964, il se sépare de son épouse, qui, sous le nom marital de Carla Bley (ils divorceront en 1967), volera désormais de ses propres ailes mais exercera toujours une influence prépondérante sur son parcours[...]

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