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BOURGET PAUL CHARLES JOSEPH (1852-1935)

Écrivain qui eut une influence décisive, dans les lettres françaises, au lendemain du naturalisme. Fils du mathématicien Justin Bourget, Paul Bourget passe une enfance solitaire (il perd sa mère à l'âge de cinq ans), studieuse et pieuse à Clermont-Ferrand. Son père étant nommé à Paris, il devient élève du lycée Louis-le-Grand. Passionné de littérature et lecteur infatigable depuis son jeune âge, il passe une licence ès lettres et enseigne comme professeur libre. Il se veut poète et publie trois recueils de vers : La Vie inquiète (1875), Edel (1878) et Les Aveux (1882), où s'exprime un cœur à la recherche de lui-même. Il fréquente tous les cercles littéraires de la capitale, des salons de la haute bourgeoisie et collabore à de nombreuses revues. En 1883, Les Essais de psychologie contemporaine, où il étudie les auteurs qui l'avaient le plus marqué (Renan, Baudelaire, Flaubert, Stendhal, Taine) et qui incarnent les diverses formes du pessimisme moderne, « maladies morales » du temps, le placent au premier rang des critiques littéraires. Ils sont suivis des Nouveaux Essais (1885). Malgré le conseil de Taine qui le pousse à faire carrière dans la critique, Bourget choisit d'écrire des romans. Il devient le maître du roman psychologique avec Cruelle Énigme (1885), Un crime d'amour (1886), André Cornélis (1887), Mensonges (1887) et surtout Le Disciple (1888). Avec ce dernier, il entre dans la voie du roman moral et cette tendance va aller en s'accentuant lorsqu'il se tourne, en 1901, vers le catholicisme qu'il avait abandonné aux alentours de 1867. Paraissent alors : L'Étape (1902), Un divorce (1904), L'Émigré (1907), Le Démon de midi (1914), Le Sens de la mort (1915), Némésis (1918), Un drame dans le monde (1921), Cœur pensif ne sait où il va (1924), Nos actes nous suivent (1927).

Représentant du « roman d'idées », Paul Bourget veut « du pathétique qui fasse penser » : sa première qualité est « l'imagination des sentiments ». Il rejette ainsi le déterminisme physiologique de Zola et s'efforce de saisir les individus dans leur vérité intérieure. Disciple de Taine, pour qui « la littérature est une psychologie vivante », il conduit ses analyses avec une méthode rigoureuse (dont pourtant les découvertes de la psychanalyse laissent apparaître la vacuité), mais qui fait abstraction du monde extérieur. Il possède un certain don pour faire éclater les crises qui vont révéler les caractères. La composition laisse cependant à désirer et le lecteur se lasse d'un ton quelque peu didactique et oratoire. Paul Bourget a écrit aussi de nombreux recueils de nouvelles, genre dans lequel son art est plus à l'aise : L'Irréparable (1884), Pastels (1889), Un scrupule (1893), Recommencements (1897), Complications sentimentales (1898), Drames de famille (1900), Un homme d'affaires (1900), Monique (1902), L'Eau profonde (1903), Les Deux Sœurs (1905), Les Détours du cœur (1908), L'Envers du décor (1911), Anomalies (1920) notamment. Paul Bourget reste le représentant de la tradition et de l'ordre moral, ce qui devait le conduire à adopter les doctrines de l'Action française. Il devient le romancier des milieux catholiques conservateurs et le chef de file d'une tendance illustrée par René Bazin et par Henry Bordeaux.

— Hélène LACAS

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  • SYMBOLISME - Littérature

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    ...1884, il suffirait presque de dire : voyez Baudelaire. C'est à partir des Fleurs du mal et de l'interprétation qu'en donna Gautier que Paul Bourget définit la « théorie de la décadence » en un texte fameux, publié en 1881 dans la Nouvelle Revue et paru en librairie en 1883, dans les...
  • VÉRISME

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