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COLLAER PAUL (1891-1989)

Musicologue, pianiste et chef d'orchestre belge, Paul Collaer a joué un rôle essentiel dans la vie musicale bruxelloise, dont il a été le principal animateur entre les deux guerres.

Né à Boom le 8 juin 1891, il fait ses études à l'université de Bruxelles (1909-1914), qu'il termine après la guerre avec un doctorat ès sciences (1919). Parallèlement, il reçoit une formation de pianiste au conservatoire de Malines et travaille avec Émile Bosquet. Après un premier concert donné en 1911, il commence une carrière de pianiste tout en enseignant les disciplines scientifiques à l'athénée de Malines. Il fonde à Bruxelles les Concerts Pro Arte (1919-1935) autour du célèbre quatuor à cordes homonyme. C'est dans ce cadre qu'il fait connaître en Belgique les nouvelles tendances de la musique contemporaine (Satie, les Six, Roussel, Sauguet, Stravinski, Berg, Hindemith...). Il fonde ensuite les Concerts anciens et modernes (1933), où il fait œuvre de pionnier dans la redécouverte de la musique ancienne (Purcell, Monteverdi, Cavalieri...). Entre 1937 et 1953, il est directeur des émissions musicales (section flamande) à l'Institut belge de radiodiffusion. Infatigable animateur, il y défend à nouveau la musique de son temps. Il s'intéresse également à l'ethnomusicologie, qui l'occupera exclusivement dans la dernière partie de sa vie ; il voyage en Sicile, au Portugal, en Grèce et organise à Liège le Colloque international de Wagimont (1954-1960). Puis il est professeur d'histoire de la musique à la Chapelle musicale de la reine Élisabeth (1956-1960), vice-président de l'Orchestre national de Belgique (1959-1965) et président du conseil scientifique de l'Institut international de musique comparée (Berlin). Paul Collaer meurt à Bruxelles le 11 décembre 1989.

Sa carrière de pianiste et de chef d'orchestre lui a permis de créer de nombreuses œuvres de Charles Koechlin (Quintette pour piano et cordes no 1, 1934 ; Septuor pour instruments à vent, 1943), de Henri Sauguet (Concerto pour piano no 1, 1935) et de Darius Milhaud, qui lui vouait une profonde amitié et qui lui a dédié La Création du monde (ballet sur un argument de Blaise Cendrars, décors et costumes de Fernand Léger, 1923), le Concerto pour batterie et orchestre (1929-1930), la Suite d'après Corrette pour trio d'anches (1937), la Cantate de l'enfant et de la mère (1938), ainsi que les quatuors à cordes nos 14 et 15 (1948-1949) qui se jouent séparément ou ensemble, sous le titre d'Octuor à cordes.

Son expérience d'interprète et la position qu'il a occupée dans la vie musicale belge ont fait de lui l'un des observateurs privilégiés de la musique de son temps. Les nombreux ouvrages qu'il a laissés ont, à cet égard, une valeur de témoignage inestimable : Igor Strawinsky, éd. Équilibres, Bruxelles, 1930 ; Signification de la musique, éd. Lumières, Bruxelles, 1944 ; Darius Milhaud, Nederlandse Boekhandel, Anvers, 1947, et Richard-Masse, Paris, 1948 (éd. augm., Slatkine, Genève-Paris, 1982) ; La Musique moderne, 1905-1955, Elsevier, Paris-Bruxelles, 1955, 2e éd. 1958, 3e éd. 1965 ; Atlas historique de la musique (en collaboration avec Albert van der Linden), Paris, 1960 ; Orioentaciones actuales de la Musica, Buenos Aires, 1961 ; A History of Modern Music, Cleveland-New York, 1961 ; Musikgeschichte in Bildern, Leipzig, 1966-1981 ; La Musique populaire traditionnelle en Belgique, Bruxelles, 1974 ; Musica siciliana, Tervuren, 1981.

— Alain PÂRIS

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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