ROUX PAUL DE (1937-2016)
Poète, écrivain, diariste, critique d’art et traducteur, Paul de Roux est né à Nîmes le 16 septembre 1937. Il occupa diverses fonctions dans le département éditorial de maisons d’édition parisiennes. Chez Robert Laffont, il fut notamment le maître d’œuvre du Nouveau Dictionnaire des auteurs de tous les temps et de tous les pays, ainsi que du Nouveau Dictionnaire des œuvres de tous les temps et de tous les pays. En juin 1969, il crée et dirige la revue La Traverse en compagnie d'amis écrivains (Pierre Leyris, Bernard Noël, Georges Perros et Jean Queval). Les huit numéros qui paraissent jusqu’en 1974 s’ouvrent à des auteurs aux œuvres exigeantes (Henri Thomas, André Dhôtel, Pierre-Albert Jourdan, Roger Munier, etc.) et lui vaudront de fidèles amitiés.
Ce n’est qu’en 1980, dans les marges de tentatives romanesques, que paraît son premier recueil de poèmes, Entrevoir. La poésie n’est pas un divertissement, mais un état de précaire voyance qui discerne l'éternel dans le périssable quotidien. Cette minutieuse vigilance à l’intérieur du paysage familier, parisien ou méditerranéen, qui s’efforce de ne pas se défaire dans la « fatigue » du regard, sera le fil rouge de tous les recueils poétiques qui suivront, depuis Les Pas (1984), Le Couloir (1984), Le Front contre la vitre (1987) jusqu'au Poème des saisons (1989) et aux Poèmes de l’aube (1990), plus pacifiés.
Cette ascèse de clairvoyance journalière sera entretenue par la pratique matinale de l'écriture diariste dont les cinq livres de carnets (Au jour le jour, carnets 1974-1979, 1986 ;Au jour le jour 2, les intermittences du jour, carnets 1984-1985, 1989 ; Au jour le jour 3, carnets 1985-1989, 2002 ; Au jour le jour 4, carnets 1989-2000, 2005 ; Au jour le jour 5, 2000-2005, 2014) marquent le tracé intermittent et inquiet. Les fragiles entrevisions des poèmes – dont un choix a été repris en collection Poésie/Gallimard (Entrevoir suivi de Le Front contre la vitre et de La Halte obscure, 2014) – de même que son unique roman (Une double absence, 2000) attestent non seulement de ce devoir de mémoire poétique, mais encore d'un ardent désir de conversion à la lumière secrète de ce monde. Ses Aperçus (2004) se nourrissent aussi des traverses qu’ouvrent la lecture, la traduction (Hypérion de John Keats, 1989 ; Tribut de Stephen Romer, 2007) ou la fréquentation des peintres : Visites à Simon Vouet (1993), Fantin-Latour, figures et fleurs (1995), Pissarro, villes et campagnes (1995), Ingres (1996).
Après la rupture de La Halte obscure (1993), un lyrisme plus contrasté rythme les derniers recueils de ce poète contemplatif : avec Le Soleil dans l’œil (1998) qui l'aveugle, dans son Paysage en cours (2000) ou lors de ses Allers et retours (2002) vers les terres de Méditerranée, le naufragé célèbre les minuscules miracles de la lumière jusque dans ses ultimes poèmes, pris À la dérobée (2005). Ses vers sourds et lumineux sont les discrètes icônes d'une rédemption rêvée dans la nuit grandissante.
Paul de Roux est mort le 28 août 2016 à Marseille.
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Écrit par
- Yves LECLAIR : professeur agrégé, docteur en littérature française, écrivain
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