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ÉLY PAUL (1897-1975)

Né à Salonique, Paul Romuald Ély, saint-cyrien, est officier d'infanterie à la fin de la Première Guerre mondiale. En 1939, breveté de l'École de guerre, il appartient au 4e bureau du grand quartier général ; il sera gravement blessé au bras droit en 1940. En 1941, il commande le 10e bataillon de chasseurs dans l'armée d'armistice. En 1942, lorsque les Allemands occupent la « zone libre » il entre dans l'organisation de résistance de l'armée (O.R.A.). En juillet 1943, il est chef adjoint de l'O.R.A. en zone sud et effectue des missions clandestines à Londres et à Alger.

Rentré en France en avril 1944, il est nommé délégué militaire national. Mais il s'incline devant un jeune homme que les imbroglios de l'époque ont chargé de la même mission : Jacques Chaban-Delmas. À la Libération, encadrer, démobiliser la masse des Forces françaises de l'intérieur est une tâche délicate : le général Ély devient directeur adjoint des F.F.I. au ministère de la Guerre, puis directeur de l'infanterie et, à la fin de 1945, directeur du cabinet militaire d'Edmond Michelet, ministre des Armées.

Commandant de la région militaire de Dijon, chef d'état-major du général de Lattre, il est inspecteur général de l'armée pendant quelques mois avant d'entrer, en 1949, dans les états-majors occidentaux. Il dirige la délégation française au comité militaire permanent de l'Union occidentale à Londres. Il se rend ensuite à Washington au comité militaire permanent puis au standing group de l'O.T.A.N. C'est un poste clé et il y sera fort apprécié et écouté.

En 1953, il revient en France pour occuper les fonctions les plus élevées de la hiérarchie militaire française, mais aussi, du fait des rivalités des grands chefs et des tensions avec le pouvoir civil, les plus difficiles : chef d'état-major général des forces armées.

L'année suivante, le général Ély accepte d'être le « liquidateur » de l'Indochine française en devenant commissaire général et commandant en chef en Indochine. Il passe deux ans au milieu des intrigues et des déchirements. Lorsqu'il reprend ses fonctions de chef d'état-major général, en 1956, Paul Ély a vu son prestige s'accroître auprès des cadres, à la mesure des responsabilités qu'il a su prendre. Il devient la « conscience de l'armée », ce qui est un difficile honneur en pleine guerre d'Algérie, mais aussi un exceptionnel moyen de pression auprès des pouvoirs publics. Le chef d'état-major général en usera en offrant sa démission pour éviter une diminution des crédits militaires.

Attentif aux murmures des colonels et des capitaines, comme au brouhaha du monde politique, il s'efforce de concilier l'autorité d'un État qui n'en a plus guère et les revendications de soldats attelés à une tâche irréalisable. L'heure du choix venue, Paul Ély invoque la seule unité possible à ses yeux, celle de l'armée, et il démissionne le 18 mai 1958, pour s'installer sur un Aventin très provisoire, puisque, en juin, de Gaulle arrivé au pouvoir lui rend ses fonctions et, en février 1959, il reçoit le titre de chef d'état-major de la Défense nationale.

Le général s'applique alors, dans ses articles et dans ses propos, à démontrer que l'armée n'a joué aucun rôle dans la fin de la IVe République. L'unité de l'armée, c'est, explique-t-il paradoxalement, sa neutralité. Le pouvoir n'est cependant plus le même. Le soldat de l'O.T.A.N. n'est guère écouté par l'Élysée, mais on le sait utile. La « conscience de l'armée » remplit une nouvelle mission difficile : apaiser les remous provoqués par la politique algérienne de De Gaulle. Mais c'est l'heure des passions et des excès. Le 1[...]

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