VICTOR PAUL-ÉMILE (1907-1995)
Rien de ce qui est polaire n'est resté inconnu à l'explorateur français Paul-Émile Victor : à l'étude ethnographique des Inuit, qu'il a menée avant la Seconde Guerre mondiale, succède l'étude géophysique du milieu polaire, et en particulier des inlandsis groenlandais et antarctique. Pour mener à bien ces travaux, il crée, en 1947, avec le soutien du gouvernement français, les Expéditions polaires françaises, structure qui permet d'assurer la logistique et le financement des missions de recherche scientifique dans ces zones hostiles. Toujours à l'intersection de la science, de l'exploration et de la transmission culturelle, Paul-Émile Victor a su, par son talent et un travail incessant de vulgarisation, intéresser l'opinion publique française aux régions polaires, à leur importance dans l'explication des phénomènes géophysiques globaux, à leurs habitants, aux expéditions dans ces zones et à leur histoire. Il a fait rêver plusieurs générations tout en faisant de sa vie une œuvre.
Enfance et formation
Né le 28 juin 1907 à Genève, Paul-Émile Victor est issu d'une famille d'origine juive d'Europe centrale. Il grandit à Saint-Claude (Jura), où son père possède et dirige une fabrique de pipes. Durant la Première Guerre mondiale, l'arrestation de son père pour prétendu « trafic avec l'ennemi » marque le jeune Victor : elle ancre en lui une haine viscérale de la guerre et du nationalisme européen, ce pacifisme se doublant d'un refoulement de ses origines. En 1919, la famille Victor s'installe à Lons-le-Saunier. Une éducation protectrice et puritaine favorise chez l'adolescent une tendance à la solitude rêveuse : il aime à se retirer dans sa « mansarde » sous les toits, pour y lire des romans d'aventures, y rêver de voyages en Polynésie ou en Arctique, y dessiner ou y écrire des poésies. Mais il aime aussi la vie en groupe et en plein air : « Tigre souriant » chez les Éclaireurs de France, il conservera toute sa vie une passion pour le scoutisme, un des éléments de sa vocation d'explorateur. La Mansarde. Vents du nord, vents du sud (1981) est, à soixante ans de distance, le récit autobiographique de ces années d'enfance et de formation.
Vocation ? Une dialectique entre désir de partir et devenir « naturel » de petit-bourgeois destiné à reprendre l'entreprise paternelle est à l'œuvre chez le jeune homme. Il intègre en 1925 l'École centrale de Lyon, qu'il quitte en 1928 pour s'engager dans la marine marchande. Désillusion : la réalité de cette dernière est loin des romans de Conrad, de même que le service militaire, qu'il effectue dans la Royale en 1929-1930, ne lui permet pas de voir du pays. Intégrant l'usine paternelle, Victor devient, entre 1930 et 1933, « le fils Victor, successeur de son père », statut d'industriel qu'il refuse, reprenant ses études en septembre 1933.
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Écrit par
- Thierry FOURNIER : archiviste-paléographe, conservateur des bibliothèques
Classification
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