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FLEMING PAUL (1609-1640)

Poète baroque allemand, Paul Fleming est l'un des meilleurs représentants du lyrisme de son siècle. Fils d'un pasteur luthérien, il est né le 5 octobre 1609 à Hartenstein, en Saxe. Remarqué pour sa précocité, il est envoyé, dès l'âge de douze ans, à l'école Saint-Thomas de Leipzig. Il sera l'élève du maître de chapelle Hermann Schein, auteur de villanelles dont la simplicité de style et la musicalité l'influenceront. Il étudie ensuite à l'université de Leipzig, d'abord à la faculté de philosophie, puis simultanément à la faculté de médecine. Il obtiendra en 1633 le grade de magister artium. Ses activités poétiques et son goût pour la musique le mettent en relation avec des personnalités comme le musicien Heinrich Schütz ou le professeur de poétique August Buchner. Par ailleurs, il se lie d'amitié avec le groupe des jeunes étudiants silésiens de sa génération qui menaient une vie joyeuse et voulaient renouveler la poésie allemande en écrivant des œuvres légères, chansons à boire ou chansons d'amour. Le plus important d'entre eux, Georg Gloger, de six ans son aîné, mort prématurément en 1631, l'encouragea dans ses premiers essais poétiques et lui fit rencontrer Opitz qui deviendra son modèle. Chassé de Leipzig par la guerre de Trente Ans et l'épidémie de peste, Fleming se réfugie dans le Holstein. La recommandation de son ami, le savant Adam Olearius, lui permet d'être attaché à une mission diplomatique organisée par le duc Frédéric III de Holstein-Gottorp qui le mènera jusqu'en Russie et en Perse. Cette expédition, qui durera six ans, sera pour Fleming l'occasion d'expériences nouvelles qui féconderont sa création poétique. À Reval où il séjourne pendant un an, il est reçu dans la famille du négociant Niehusen dont les trois filles inspireront sa poésie amoureuse teintée de pétrarquisme. Il exprime sa passion pour la seconde, Elsabe, en jouant avec les lettres de son prénom dans de nombreux anagrammes ou acrostiches. À son retour de Perse en 1639, il la retrouve mariée et reporte son amour sur la cadette, Anna, à laquelle il se fiance en mai 1639. Le 23 janvier 1640, il obtient à Leiden le titre de docteur en médecine, mais il tombe malade pendant son voyage de retour et meurt à Hambourg, le 2 avril 1640. Ses œuvres poétiques seront recueillies et éditées par le père de sa fiancée, aidé d'Olearius.

Célèbre de son vivant pour sa poésie néolatine — son recueil de poèmes galants de 1631, Rubella, lui vaudra, malgré son jeune âge, la couronne poétique —, Fleming est avant tout « poète de cour », et compose des « poésies de circonstance » dans les genres recommandés par Opitz : odes et chants, silves et sonnets. Dès 1631 s'affirme également sa veine religieuse dans un recueil de Psaumes publié en allemand. La double tendance de son art — légèreté de la poésie amoureuse, profondeur de l'inspiration religieuse alliée à une égale virtuosité dans le maniement du latin et de l'allemand — se confirme dans les poèmes de la maturité et aboutit à une synthèse harmonieuse où semble parfois percer un sentiment authentique. Son attitude néostoïcienne — par exemple dans le célèbre poème Ein getreues Herze wissen où il vante la constance et la fidélité — l'empêche de tomber dans les excès du marinisme, même quand il s'amuse à imiter le poète hollandais Jean Second en composant un poème sur le baiser, Wie er wolle geküsset sein, qui sera un de ses grands succès. La souplesse de son style et sa musicalité évoquent parfois le lyrisme du jeune Goethe. Placé par certains de ses contemporains au-dessus d'Opitz, il restera toujours très apprécié. Son « destin » romantique et sa relative sobriété d'écriture en font le plus moderne des poètes baroques.

— Hélène FEYDY[...]

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Écrit par

  • : agrégée d'allemand, maître de conférences à l'université Paris-IV

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