PAUL Ier (1754-1801) empereur de Russie (1796-1801)
Le grand-duc héritier du trône de Russie Paul reçoit une très bonne éducation, et dans la première partie de sa vie c'est un homme d'apparence équilibrée qui produit lors de son voyage en Europe, et en particulier à la cour de France, une excellente impression. La mort de sa première femme l'affecte beaucoup, mais sa seconde épouse, une femme remarquable, Sophie-Thérèse de Wurtemberg, qui prendra le nom de Marie, aura une influence positive sur son caractère instable et très nerveux.
La tragédie commence quand sa mère, la Grande Catherine, qui ne partage pas ses idées, ni politiques ni sociales, prend la décision de transmettre le trône à son petit-fils Alexandre. Une opposition, qui se changera bientôt en haine, s'installe entre les deux cours. Paul Ier devient de plus en plus soupçonneux et irritable. Après la mort de l'impératrice, en 1796, il se hâte de détruire les documents concernant la succession et publie la première « Loi de succession au trône russe », qui restera en vigueur jusqu'à la révolution de 1917.
Il s'applique à annuler toutes les mesures prises par sa mère ; son règne est plein non seulement de contradictions, mais de décisions qui ne visent qu'à anéantir l'œuvre de la Grande Catherine. Son caractère devient de plus en plus ombrageux, son amour pour la discipline militaire (c'est un fervent admirateur de Frédéric II) dépasse toute limite, et personne dans l'Empire n'est sûr de son avenir. C'est le règne de l'arbitraire absolu.
En politique étrangère, Paul Ier est un adversaire résolu de la Révolution française. Il donne asile à Louis XVIII et à sa cour à Mitava (Mittau) et à l'armée de Condé en Volynie. De nombreux émigrés s'installent en Russie.
En 1799, il prend part à la coalition contre Napoléon et envoie notamment le vieux Souvorov en Italie où il combat Moreau et Mac Donald avec succès, et en Suisse où il est repoussé par Masséna. Pourtant, Paul Ier amorcera un rapprochement avec Bonaparte tandis qu'il rompt avec l'Angleterre et envoie des troupes aux Indes. Mais c'est la militarisation de la vie du pays qui l'intéresse surtout. Un complot dirigé par son intime collaborateur, le comte Pahlen, gouverneur général de Saint-Pétersbourg, aboutit à l'assassinat de l'empereur, en 1801, au château Saint-Michel qu'il s'est fait construire dans la capitale. Sa mort tragique provoque une explosion de joie dans le pays, mais la mémoire de Paul Ier est cependant gardée chez les paysans à cause des premières mesures prises par lui contre les excès du servage.
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Écrit par
- Pierre KOVALEWSKY : docteur ès lettres, chargé de conférences à l'université de Paris-III, doyen de l'Institut Saint-Denis, Paris
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