JANSSEN PAUL (1926-2003)
Paul Janssen a mené une exceptionnelle carrière de chercheur et d'industriel, toute dévouée à la découverte d'innombrables médicaments. Il est né à Turnhout (Belgique) à proximité d'Anvers, le 12 septembre 1926, dans une famille d'origine paysanne. Son père, Constant, avait ouvert, au milieu des années 1920, un cabinet médical florissant. À l'occasion d'un voyage à Vienne en 1933, ce dernier avait fait la connaissance d'un industriel hongrois, qui lui proposa d'implanter sa gamme de médicaments en Belgique et aux Pays-Bas. L'aisance familiale, confortée par la commercialisation du Perdolan®, une préparation de paracétamol, permit à Paul Janssen de compléter sa formation scientifique, commencée à la faculté de médecine de l'université catholique de Louvain, par des séjours aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Suède, en Allemagne, où il put parfaire ses connaissances, tant dans des laboratoires institutionnels qu'au sein de diverses firmes industrielles. En 1953, il créa son propre laboratoire de recherche, où les découvertes allaient se succéder pendant une trentaine d'années à un rythme étonnant.
Dans le secteur des antalgiques, il décortique dès 1955 la structure des médicaments opioïdes afin d'en obtenir de plus puissants ou de moins toxiques. Il synthétise alors le dextromoramide (Palfium®) et, l'année suivante, toujours dans la même veine productive, il met au point le diphénoxylate (Diarsed®) utilisé comme antidiarrhéique. Il synthétise en 1960 le fentanyl, antalgique majeur largement utilisé aujourd'hui, aussi bien dans le traitement des douleurs chroniques que pour l'antalgie au bloc opératoire. En 1969, il découvre le lopéramide (Imodium®), traitement mondialement reconnu des diarrhées de l'enfant ou de l'adulte quelle qu'en soit l'étiologie. De ses laboratoires sortiront également le sufentanil et l'alfentanil, précieux antalgiques utilisés en anesthésie et qui contribuent efficacement au recul de la douleur associée aux interventions chirurgicales.
Parallèlement, Paul Janssen est entré dans l'histoire des grandes découvertes thérapeutiques en 1958, avec celle d'une nouvelle série chimique, les butyrophénones, dont le chef de file est l'halopéridol. Celui-ci devenait, avec la chlorpromazine et la réserpine, la base des nouveaux traitements antipsychotiques. Ainsi, des malades schizophrènes pouvaient quitter l'hôpital psychiatrique et retrouver une vie sociale. D'autres neuroleptiques verront le jour sous l'égide de Paul Janssen : le dropéridol (Droleptan®), le pimozide (Orap®) et la rispéridone (Risperdal®). Toujours issues du même creuset, figurent d'autres classes thérapeutiques actives sur le système nerveux, comme les antivertigineux. Dès 1955, il prépare la cinnarizine. La flunarizine (Sibelium®) sera commercialisée en 1977. On peut également signaler un anesthésique général : l'étomidate.
En 1957, le laboratoire Janssen Pharmaceutica NV s'installe à Beerse, dans la banlieue industrielle d'Anvers (Belgique). Il associe étroitement au pôle de recherche la création d'un centre de production industrielle de niveau international. Le développement commercial de la société permet un autofinancement complet de ses investissements. En 1961, le laboratoire Janssen devient une filiale du groupe américain Johnson and Johnson ce qui permet un développement indispensable à la commercialisation de la gamme thérapeutique outre-Atlantique.
Paul Janssen étend alors son domaine de recherche à d'autres champs de la thérapeutique et en particulier aux médicaments antifongiques et antiparasitaires, dérivés de l'imidazole. L'éventail des produits majeurs mis au point par l’équipe de Paul Janssen ne fait que croître et constitue autant de percées majeures dans le domaine[...]
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Écrit par
- François CHAST : pharmacien des hôpitaux, chef du service pharmacologie-toxicologie de l'Hôtel-Dieu, Paris
Classification
Média