TOULET PAUL-JEAN (1867-1920)
Né au Béarn et mort au Pays basque, Paul-Jean Toulet mène à Paris, pendant quatorze ans, une existence qu'il qualifiait lui-même de dissolue. Ami de Maurras et de Toulouse-Lautrec, il participe à diverses revues, comme le Divan ou La Vie parisienne, et il écrit quelques romans, aux intrigues assez lâches, mais où apparaissent des dons certains de conteur. Le leitmotiv de ces romans (Monsieur du Paur, 1898 ; Les Demoiselles La Mortagne, 1905-1907 ; ou Mon amie Nane, 1905) est la femme légère. En 1920, l'année de sa mort, les Contes de Béhauzigue le consacrent enfin comme écrivain et maître du groupe des « fantaisistes », qui se manifestaient depuis 1912. Contre l'artifice des néo-romantiques et des néo-symbolistes, les fantaisistes développent un certain cynisme jamais dépourvu de tendresse. Aussi sont-ils beaucoup plus que des chroniqueurs ou des chansonniers, et leur liberté spirituelle, assortie d'une ironie discrète, influença Apollinaire. Les textes de Toulet sont pleins de verve et de sarcasmes, dans la tradition d'une poésie française très ancienne, puisque c'est à Marot qu'on a parfois comparé Toulet. On peut trouver aussi certaines évocations d'un dandysme pervers derrière l'apparente nonchalance du style. La Jeune Fille verte, roman paru en 1920, est, en revanche, d'un style précieux. Dans Contrerimes, son véritable chef-d'œuvre paru en 1921, après sa mort, Toulet suggère un sensualisme esthétique exprimé dans de courts poèmes, quatrains où les vers riment à contre-longueur, à contre-temps, où les rimes masculines et féminines s'inversent. La badinerie des contes laisse ici place à une mélancolie ironique qui laisse apparaître, sans amertume, une sincère émotion.
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Écrit par
- Antoine COMPAGNON : docteur ès lettres, professeur à l'université Columbia, États-Unis
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