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LAFARGUE PAUL (1842-1911)

Né à Santiago de Cuba, Français de souche bordelaise, Paul Lafargue se vante de réunir en lui le sang de trois races opprimées : les races juive, caraïbe, mulâtre. Pendant qu'il poursuit ses études à la faculté de médecine de Paris, il collabore au journal La Rive gauche, de tendance proudhonienne. Comme il participe au premier Congrès international étudiant (Liège, 1865), il est exclu de toutes les facultés de France : il s'exile alors à Londres, où il rencontre Marx, dont il épouse la seconde fille, Laura, le 2 avril 1868. Membre du Conseil général de la Ire Internationale où il représente l'Espagne (il connaît la langue), il rentre en France à la chute du second Empire et vit la période de la Commune à Bordeaux. Réfugié en Espagne, il y est le correspondant de Marx et anime la polémique contre les anarchistes. Avec Pablo Iglesias, il fonde la Nouvelle Fédération madrilène, amorce du futur Parti socialiste ouvrier espagnol. En 1872, il est de retour à Londres.

L'amnistie lui permet de rentrer en France. C'est là qu'il se lie avec Jules Guesde et fonde avec lui le Parti ouvrier français (1880-1882). Tenu pour un des introducteurs du marxisme en France, il est à ce titre considéré comme l'interprète autorisé de la pensée de Marx. Il publie plusieurs ouvrages d'analyse marxiste, mais son livre le plus connu est le pamphlet Le Droit à la paresse (1883), dans lequel il dénonce l'aliénation ouvrière. Après le drame de Fourmies (1er mai 1891) où la troupe tire sur les ouvriers faisant neuf morts et une soixantaine de blessés, Lafargue est condamné pour incitation au meurtre. Le 8 novembre 1891, il est élu député à Lille. Artisan de l'unification des forces socialistes, il se présente à la députation contre Millerand, mais il est battu. Il siège à la commission administrative permanente du P.O.F., puis de la S.F.I.O. et au conseil d'administration de L'Humanité jusqu'à sa mort. Le 26 novembre 1911, Paul et Laura Lafargue se suicident dans leur maison de Draveil, « avant que, selon les termes du dernier message de Lafargue, l'impitoyable vieillesse ne fasse de moi une charge à moi et aux autres ».

— Paul CLAUDEL

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