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LE FLEM PAUL (1881-1984)

Le compositeur français Paul Le Flem se situe en marge des courants et du temps. Sa patrie bretonne trouve un large écho dans sa musique, et il a su concilier cette source d'inspiration avec une écriture faisant revivre les principes de base de la musique polyphonique ou du chant grégorien.

Paul Le Flem voit le jour à Lézardrieux (Côtes-d'Armor). Après des études générales effectuées à Dinan et à Brest, il prépare l'École navale, où il découvre la musique grâce à Joseph Farigoul, chef de musique de la flotte, qui sera son premier professeur d'harmonie. Il vient à Paris où il suit, à partir de 1899, les cours d'harmonie d'Albert Lavignac au Conservatoire tout en menant à bien une licence de littérature et de philosophie à la Sorbonne avec Henri Bergson. Pendant dix-huit mois, il voyage en Russie (1903-1904) avant de s'inscrire à la Schola cantorum (1904), où il travaille le contrepoint avec Albert Roussel — un autre marin —, la composition et la direction d'orchestre avec Vincent d'Indy et le chant grégorien avec Amédée Gastoué. À la Schola, il est le condisciple d'Edgar Varèse. Puis il y est à son tour nommé professeur de contrepoint (1921-1929). Parmi ses élèves figurent Marcel Mihalovici, Roland-Manuel et André Jolivet, qu'il présentera à Varèse, devenu désormais le maître à penser du jeune compositeur. En 1924, Le Flem est nommé chef des chœurs à l'Opéra-Comique, et, l'année suivante, il prend la direction des Chanteurs de Saint-Gervais, succédant à Léon Saint-Réquier (1925-1939). Il se consacre au renouveau du répertoire polyphonique tout en servant utilement la musique de son temps. Parallèlement, il mène une importante carrière de critique à Comœdia (1922-1937), à L'Écho de Paris et au Temps présent. En 1935, il fonde une société de musique moderne, La Spirale.

Après la Seconde Guerre mondiale, il vit en Bretagne, à Tréguier ; son histoire est celle de ses œuvres, en retrait par rapport aux modes et aux passions. Il cesse de composer en 1975, car il est atteint de cécité. Son centenaire, en 1981, révèle au monde musical un compositeur effacé, mais fidèle à lui-même dans un parcours artistique d'une étonnante longévité : alors que le jeune compositeur a livré ses premières partitions à l'aube du xxe siècle, il ne cessera d'écrire que soixante-quinze ans plus tard, ayant connu Debussy, d'Indy, la création du Sacre du printemps, l'oppression sérielle des années 1950, la musique électroacoustique et bien d'autres nouveautés auxquelles il s'intéressera avec passion. Son esthétique initiale, solide et sobre, trahit l'influence debussyste et la formation rigoureuse de la Schola. Mais il y intègre rapidement des réminiscences populaires bretonnes tout en pratiquant une écriture marquée par les polyphonistes et Monteverdi. La mer apparaît souvent en filigrane de son œuvre, dont la première réalisation d'une certaine importance, destinée à l'orchestre, s'intitule précisément En mer (1901) ; elle est suivie dix ans plus tard des Voix du large (1911). Ce sont ses œuvres symphoniques qui connaîtront le plus grand succès : notamment ses quatre symphonies — la première (1908) n'est créée par Walter Straram qu'en 1927 avant de faire le tour de l'Europe, la deuxième (1958) est révélée au festival de Besançon, la troisième et la quatrième datent de 1967-1971 et de 1975, respectivement — ainsi que Pour les morts, triptyque (1912), Ronde des fées (1953), La Maudite, légende dramatique pour voix et orchestre (1967-1971), et son œuvre ultime, Trois Préludes pour orchestre (1975). Dans le domaine concertant, il a composé une Fantaisie pour piano et orchestre (1911) et un Konzertstück pour violon (1965).

Pour la scène, après les premiers essais que constituent Endrymion[...]

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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